A l'aube viennent les problèmes - Partie 1

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Ce qui trouvent le calme de la nuit apaisant ne savent surement pas ce qui s'y passe. Pensa Ambre amère. 

Longtemps, elle avait trouvée le silence et l'obscurité propice aux réflexions, ou simplement à l'isolement. Ces deux choses qu'elle avait tant cherché de son vivant, lui manquait encore plus dans sa seconde vie. Depuis sa renaissance, il y a une semaine de cela, elle n'avait pas eu un instant pour penser ou simplement faire le point sur la situation. En quelques jours, les habitants du monde obscur avaient tour à tour attenté à sa vie, tenté de l'utiliser à des fins politiques, lui avait imposé pour une mission suicide ou proposé un pacte de soumission en échange de protection... Elle ignorait si elle était la seule nouvelle-née à subir ce genre de chose ou pas, mais de son point de vue, la nuit et ses étoiles relevaient plus d'un champs de bataille que du havre tranquille. 

Et vu ce qui se jouait en ce moment, une petite voix soufflait à son oreille que ce n'était pas prêt de s'arranger.

Ainsi, vers 22 heure, courant d'un mois de septembre pluvieux, deux vampires et une humaine conversaient sur le trottoir en face d'une immense tour du quartier d'affaire désert de Peachstreet. Certains y auraient vu comme le début d'une mauvaise blague... Et c'est exactement ce à quoi cela ressemblait. 

Ambre était inquiète, jugeant sans cesse son congénère du coin de l'œil, espérant déceler ses intentions envers la nouvelle venue. Le grand Seigneur de Louisiane pencha sa tête sur le côte à la manière d'un rapace guettant sa proie. Ses yeux bleues perçant dardaient Esther, qui, inconsciente du danger, semblait impatiente d'entendre une réponse de sa bouche. 

— Alors tu comptes m'expliquer ? S'impatienta son ancienne colocataire, un mélange de colère et de tristesse dans le regard.

Mais Ambre était trop concentrée pour répondre. Elle savait très bien à quoi Ash Lyons pensait, et se refusait à le laisser faire, même si cela signifiait y laisser sa peau au passage. Le vampire planait à plus de quatre-cent ans de vie, il était plus fort, plus agile et bien plus rapide qu'elle. Et, dans le pire des cas, il lui suffirait d'user de sa Présence contre Ambre pour la paralyser le temps de faire son macabre travail. Il lui en avait donnée la démonstration quelques minutes plus tôt, son don, tout comme sa force, était redoutable. Histoire de ne rien arranger, tout cela se passait sous les fenêtres de l'Administrateur.

La nouvelle-née se sentait coincée malgré la simplicité de la situation : soit elle trouvait un mensonge pour expliquer sa disparition présente et futur, soit Esther devait mourir car elle mettait l'omerta des vampire en danger. Or, Ambre était une mauvaise menteuse, malheureusement.

D'un coté il y avait le Secret, première règle du monde des vampires, dont toute transgression valait la mort immédiate et définitive. De l'autre, il y avait Esther, colocataire et meilleure amie devant l'éternel, dont la seule idée qu'elle soit blessée, au propre ou au figuré, suffisait à meurtrir la vampire. Si elles avaient été seules, elle lui aurait sans doute tous déballé sans la moindre retenue, la jeune femme savait déjà pour sa condition de sorcière avant, alors la nouvelle ne devrait pas trop poser de problème, non ? Elle caressa cet espoir aussi vite qu'il disparut. En cet instant, il y avait Ash, et vu la nature conflictuelle de leur nouvelle relation, il ne faisait aucun doute qu'il refuserait de lui faire une fleur. Voir même, peut-être retirait-il un certain plaisir sadique de la situation ? Ce serait bien son genre.

La nouvelle-née ouvrait et fermait la bouche à la manière d'un poisson hors de l'eau. Si elle respirait encore, nulle doute qu'elle aurait le souffle court.

— Alors ? Tu es sure que ça vas ? Fit Esther dont l'inquiétude pointait sur le visage. Tu es pâle et  tu as un air malade, cela ne te ressemble pas. Dis moi où tu étais et ce qui t'es arrivé.

— Oui, Ambre, dis lui. Fit l'Archonte dans un sourire en coin. Nous sommes tout deux impatients de t'entendre.

Il y eu un échange de regard entre Esther et Ash, elle commençait à le trouver de plus en plus étrange vu la nature de la ridule entre ses deux sourcils. Cet échange fit comme un flash dans l'esprit de la jeune femme. Elle aperçu les longs cheveux noirs de sa colocataire répandus comme une auréole sur le bitume, ses lunettes brisés dans le caniveau et son corps aussi blanc et froid que la mort.

Elle devait empêcher ce funeste destin, par tous les moyens.

— Esther. Commença la nouvelle-née d'une voix grave qui écartait toutes négociations. Il va falloir me faire confiance, d'accord ?

Sa colocataire agita sa tête de poupée à l'affirmative, elle le fit tellement vivement qu'elle manqua d'en faire tomber ses grandes lunettes. Ambre la saisit par les épaules et planta son regard dans le sien.

— Retourne à l'appartement et enferme toi à double tours le temps que j'arrive. Je te promets de passer plus tard dans la nuit pour tout t'expliquer, mais je ne peux pas le faire maintenant.

— Mais, pourquoi... Qu'est ce qui se passe ici ? Esther darda Ash du regard comme si c'était lui le responsable de ce cirque.

— Ne discute pas, je t'en supplie. Fais ce que je te demande, c'est tout, pour ton bien et le miens. Elle se rappela des papiers. Et retirer ces avis de recherches, s'il te plais.

— Mais... Tu ne vas pas disparaître de nouveau ?

Ambre hésita un long moment.

— Non, je ne vais pas disparaître, je te le promets.

Esther sembla alors convaincue, son amie n'était pas le genre de personne à faire des promesses en l'air.

— D'accord, je rentre. Mais je te préviens, Ambre Lefranc, si je n'ai pas de tes nouvelles dans la soirée j'appelle la police. Voir même le FBI !

Elle pointa son doigts à la manière du maman prévenant son enfant, et cela étira un tendre sourire à la vampire.

— Je n'oserais jamais te défier, Esther, tu le sais bien. Conclut la vampire.

Ravie du compromis, Esther disparue dans les rues d'Atlanta après avoir salué l'étrange duo. Jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans la nuit, l'Archonte l'avait suivit du regard. Il planta ses yeux bleus dans ceux de sa congénère  :

— Je peux le faire pour toi si tu n'en a pas la force. 

Il avait dit cela comme s'il parlait d'arracher pansement trop douloureux, alors qu'il s'agissait de la vie de sa meilleure amie.

La Mascarade des Damnés - Tome 2 La chute de l'angeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant