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Tu me donnais ce sentiment d'être complète.
Je n'avais jamais vécu avant de te rencontrer.
Camus dit que l'existence est absurde, que tout ce que nous faisons sur terre dans l'attente d'un salut est absurde, que notre recherche d'existence elle-même est plus qu'absurde. Il dit que nous ne commençons réellement à vivre et à être heureux qu'à partir du moment où nous réalisons que la vie est absurde et que nous l'acceptons. Ce moment où l'on décide de vivre avec cette souffrance quotidienne et de la faire alliée et non ennemie. Ce moment où l'on réalise que sous la douleur se dissimule le bonheur. Ce moment où l'on arrête de nourrir des espoirs parce qu'à quoi bon espérer une amélioration vu que la vie est une absurdité totale et que cela ne changera pas, quoi que l'on tente?  Alors, il nous dit d'arrêter d'espérer car cet espoir est source de douleur.
La vie est plus remplie de souffrances que de joies, mais Camus nous apprend qu'il faut prendre notre liberté dans ces moments où le mal n'agit pas contre nous, dans ces moments où nous sommes les uniques maitres de nous-mêmes. Mais pour y parvenir, encore faut-il comprendre que nous pouvons être libres, mais seulement quelques instants. Il faut dépasser la douleur que provoque cette prise de conscience et profiter des pauses que nous accorde la vie. Il faut trouver un bonheur dans cette douleur, un épanouissement dans la souffrance, une satisfaction dans la conscience.
Quel rapport avec toi, me diras-tu?
C'est très simple en fait.
Je crois que j'ai réussi à prendre conscience de l'absurdité de ma vie, et à y faire face et l'accepter.
Et maintenant, je vis. Je suis heureuse et je vis.
Tu m'as permis d'ouvrir les yeux sur tout cela.
Et même si c'est terminé, même si vie signifie souffrance et même si tu n'as fait que faire croitre cette douleur, je suis heureuse. C'est dingue, mais c'est vrai.
J'ai réussi, tu sais?
J'ai réussi à surpasser cette douleur, cet étau qui étreint mon cœur.
J'ai réussi à trouver un peu de lumière dans cette noirceur.
Je suis parvenue à trouver un réconfort dans la solitude, une main dans ce gouffre, une mélodie dans ce vacarme incessant.
Je suis parvenue à trouver une liberté dans le mal qui prend possession de moi et qui parvient à me dominer.
Je suis parvenue à trouver cette liberté oui, à être seule maitresse de mes pensées, seule maitresse de ma douleur.
Ce n'est pas toujours évident non.
Tu sais, il y a des jours où j'ai l'impression de me noyer, de couler, que le sol se dérobe sous mes pieds.
Il y a des jours où la noirceur envahit mon âme et empêche à toute autre émotion de venir la contrebalancer.
Mais, comme pour tout, cela connait des variations.
Il y a d'autres jours où, par contre, je me sens si bien, si libre, comme une feuille se laissant guider par une brise légère.
Il y a des jours où je me sens flottante, légère, virevoltant, survolant cette douleur.
Il y a des jours où je me sens vivante, tu sais?
Avec toi, je me sentais vivante, libre, entière.
Et pourtant, même sans toi, je parviens, quoique plus difficilement, à retrouver ce sentiment d'être vivante.
J'ai un peu plus mal en moi, oui certes.
Mais j'essaye de dépasser cette condition, qui est celle des humains.
Cette condition qui nous mène irrémédiablement à la douleur,
Cette condition qui nous conduit au désastre,
Cette condition qui nous engloutit, en ne laissant rien, en ravageant tout.
J'essaye, j'apprends mais je n'abandonne pas.
Cette condition, je peux, je vais, je veux la dépasser.
Je veux pouvoir contrôler mon rapport aux émotions.
Je veux pouvoir obtenir ma liberté toute entière.
Je veux pouvoir.


_By Me_

Ces citations qui me comprennent partie 4Where stories live. Discover now