1 octobre 2098

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Le treize du mois passé a marqué nos cœurs d'un étau de fer, d'une entrave d'acier qui ne s'est jamais complètement desserrée, bien au contraire. Qui pouvait donc s'imaginer l'horreur ravageuse des jours présents ? Des interminables supplices noyés par la crainte et la frayeur, puis soudainement tus, voilà donc ce en quoi se résume maintenant nos vies où plutôt, notre instinct. En moins d'une quinzaine, nous voici tous dépouillés de ce qui nous était cher, il n'en reste plus rien. Compagnons ou gagne-pains, ce petit univers est emporté par la vague écarlate, inéluctablement. Avant, je me réveillais au matin du dimanche l'esprit plein de gaité et mes pas menés par le doux chant du passereau sous le soleil printanier. Qu'est-il arrivé à celui qui berçait jadis mon aurore ? S'est-il envolé si haut, si loin, vers le soleil, là où je ne le reverrai jamais ? La réponse,  évidente, terrifiante, ne peut-elle venir d'autre chose que d'elle-même ? Ce n'est pas un loup qui hante nos contrées, ni un démon, ni un dragon, c'est la cueilleuse de gui, son arme à la main qui se manifeste en ces temps obscurs. Désormais, quelle mère laisserait son enfant gambader gaiement dans les prairies ? Ce ne sont pas que nos bestiaux qui ont déserté les lieux, mais l'enfance et bientôt, l'avenir. Pouvons-nous réellement continuer comme cela ? La question demeure et là aussi, il ne paraît qu'une issue, si dangereuse et sanglante soit-elle, je ne vois ici guère d'autre solution. Quel sera ce héros qui, en dépit des autres se sacrifiera ? Et un tel homme existe t-il seulement ? Je redoute et je sens, aux tréfonds de mon corps, résonner l'amertume, résonner l'abandon, d'un détour de regard quand je laisse dans les ténèbres ce vaillant chevalier, dernier vestige de mon enfance achevée.

Alien : InvasionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant