14 juin 2100

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Je l'ai trouvé, endormi sur le pas de notre porte, le teint pâle et les paupières closes. Il semblait rêver, il semblait partir comme on part au coucher pour le plus doux des voyages ; il semblait aimer ce monde, si laid et pourtant si beau lorsqu'on trouve enfin une personne à aimer, un être à chérir, une âme, telle une sœur, une compagne. Je l'ai trouvé lui, charmant, avec ses cheveux roux, taillés mi-longs qui retombaient, en cascade sur ses larges épaules. Et ses yeux voilés... Quelle en en est la couleur, dans la brume du petit matin, la couleur de son cœur ? Et d'où venait-il d'ailleurs, cet étranger au sommeil envoûtant, de son odeur d'olives fraîches et de frigoule coupée ? Voyageur du côté du monde jusqu'en nos terres les plus sombres ? Ou fermier local, vainqueur et survivant du chaos qui nous entoure ? Qui es-tu, ô ange sublime, déchu par le père au tréfonds des enfers ? Tu m'obsèdes, tu me hantes et je m'éloigne, peu à peu du passé et de mon défunt mari... Une fois de plus, j'ai honte, honte de le laisser tomber, de l'oublier, lentement mais sûrement. Lui, du haut de son siège, dans les bras du tout puissant ; aurait-il approuvé cet écartement si brutal et violent ? Cette volonté de rebâtir ma vie, après tant d'écartements ? Et ma fille, Alyssa, comment réagirait-elle, à l'arrivée d'un nouveau "parent", d'un remplaçant, d'un imposteur ? Et je m'emporte et je m'entraîne, dans un songe agréable où il aurait dit "oui", oui à un avenir commun, à une lutte collective et à une mort, main dans la main... Il me fait vivre, il me fait souffrir et c'est pour cela que je l'ai pris, que je l'ai tiré, emporté vers mon logis, ma maison et vers ma fille et sa jalousie d'enfant unique.

Alien : InvasionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant