19 février 2100

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Elle a fait un cauchemar cette nuit là : un monstre velu rampait sur le parquet pour la dévorer toute crue. Comme j'ai eu peur lorsque, dans les couloirs, a résonné son cri et quel soulagement ce fut quand je tuai la souris, dans un couinement aiguë ! J'avais trop craint qu'ils me l'aient prise, prédateurs de malheurs ! Tous les jours effrayée, tous les jours en alerte. Je les sens, je les traque, je les guette et les épie. Les rongeurs lui faisaient peur et cela, depuis son plus jeune âge. Je l'ai trouvée les larmes au visage, assise en tailleur, sur son lit, serrant contre son cœur un vieux poupon défraîchi. Je l'ai bien consolée avec un bisou, un mot doux, puis deux, puis cent, jusqu'à faire rougir la chair rose de ses joues. Enfin, elle me l'a réclamée, son histoire, celle que je lui raconte à chaque mauvais rêve, chaque vilain chagrin : le conte du petit ninja qui avait une banane dans le cerveau. Légende idiote, récit stupide, abrutissant, mais il la faisait sourire et cela vaut mieux pour moi que le plus gros des cadeau ou la plus belle des berceuses. Je l'ai ensuite bordée avec tout l'amour qu'une mère peut avoir avant de déposer sur son front un dernier baiser plein d'affection et de lui souhaiter de retomber vers le sommeil aussi brusquement qu'elle en était partie. Je m'apprêtai d'ailleurs à en faire de même quand le drame arriva, le choc et l'agonie ; huit mots, prononcés comme au hasard, alors que je refermais sur la chambre la lourde porte de bois dans un murmure strident : "Papa il est comme la souris, c'est ça ?" et cette fois, je démentis,  je dis: "Non"... je l'ai trompée, encore et quand elle le découvrira, elle le découvrira, elle me détestera.

Alien : InvasionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant