3 octobre 2098

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Le malheur qui nous frappe... Est-ce là un châtiment divin, un sacrifice réparateur ? D'abord nos bestiaux qui s'en vont vers la porte de Saint-Pierre, emportant avec eux leurs bienfaits essentiels. Plus une vache pour nous offrir sa boisson ou sa chair, plus une poule qui ne puisse faire don de son coffre précieux. Cette chose nous isole, ce fléau nous accable. D'un seul geste, d'une seule nuit nous voici tous démunis. Elle a faim, elle a soif et j'ai peur. Peur pour elle, peur pour moi, pour ses jolies joues roses qui se creusent chaque jour davantage, pour son petit corps blanc dont les côtes semblent poindre doucement sous la peau comme poussent les fruits d'or au matin de la belle saison. Oui, quelle bien triste histoire que cette lente agonie, et chaque date cette crainte prend un peu plus de place dans nos vie, telle la mauvaise herbe qui envahit au printemps mes fraîches plates-bandes, celles que j'aimerais tant avoir près de moi, afin de nous délivrer du mauvais pas et de sa détresse. Sortir de l'abri est devenu un risque et en revenir, un défi, une épreuve dont même le plus courageux des nôtres n'osera s'acquitter, la mission de nous sauver. Ainsi les rues désertes du quartier pleurent désormais notre absence pesante. Nous tuons notre monde, il achève mon quartier. Lentement mais sûrement, le village disparaît.

Alien : InvasionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant