17 juin 2100

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Quand ses puits fleuris d'orages ont caressés la lumière et que je n'avais rien vu d'aussi beau, quand je lui ai souri, dans l'odeur de bruyère qui règne, chaque jour neuf, à l'aurore, sur nos vertes collines, quand j'ai su qu'il était homme, envoyé par les étoiles, condamné par les étoiles. Mes yeux bouffis de sommeil se sont posés sur lui, sur son corps éveillé et, pour la première fois depuis trois jours, j'ai daigné respirer. Il n'a pas eu peur, pas un mouvement de recul, pas un geste d'effroi, d'animosité naturelle ni une question désorienté, juste un sourire de gratitude lorsqu'il a repris son âme, ce matin, sur le plumes de l'oreiller. Je lui ai envoyé, en retour, un arc-en-ciel d'amour, une risette attendrie tandis que lui, Philippe, c'est comme cela qu'il s'appelle, Philippe, me comptait son histoire de la mort au commencement, de la fin au début. Je  l'ai écouté, lui ai servi à manger et à boire, sacrifiant ma part durement acquise de mes mains abîmées. Bref, nous nous sommes entendus. Tout allait de bon train, vraiment... Jusqu'à l'instant où elle est entrée, où, sans même croiser son regard, elle s'est mise à pleurer. Jalousie ? Caprice ? Trahison ? Rien de tout cela je le crains. Car, j'ai trop souvent négligé la clairvoyance infantile de ma fille, cette lucidité dans le cœur des plus jeunes, cet instinct encore présent dans l'esprit des tout petits et qui s'évapore avec le temps, les blessures, les douleurs et les cicatrices... Un malheur va arriver, elle le sait, elle le sent et moi, je ne peux pas l'empêcher à défaut de me tenir prête, les manches retroussées et le regard de feu pour affronter le fléau inconnu tombé du ciel et remonté de la Terre que nous apporte aujourd'hui cet étranger.

Alien : InvasionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant