Je hurle, mon cœur se tord et mon âme devient lambeaux. Quelle tragédie est arrivée en ce jour si funeste ? Tout avait bien commencé pourtant ! Comme chaque soir, pour mériter notre repas nous étions sortis de notre havre de paix négligeant une fois encore cette prudence chassée par l'habitude et cette fatale certitude que le malheur n'arrive qu'aux autres. Tout avait bien commencé pourtant. Les premiers pas dans la rue, puis la course folle jusqu'au jardin, le remplissage rapide et méthodique de notre panier d'osier puis ce dernier regard amoureux, l'un envers l'autre. Oui, tout avait bien commencé, tout était beau, tout était sûr, aucune menace ne planait au-dessus de nos épaules mais celle-ci rampait dans l'herbe sèche, bien plus proche que dans nos cauchemars. Ô, qui en ce lieu peut encore s'imaginer telle horreur ? Moi qui effleurais ses lèvres dans le tendre espoir d'un baiser, moi qui cherchais les caresses d'une affection trop étouffée ; à défaut de sa bouche parfumée, j'ai aujourd'hui embrassé le trépas. La mort a surgi, par son cruel vassal, des broussailles a bondi l'ombre noire du chaos, a fauché mon mari et tout ce qu'il me restait dans une traînée carmin aux éclats de rubis. Doucement est tombé, plus doucement que la pluie, ce à quoi je tenais sur l'émeraude qu'est son lit. J'ai vu des crocs puissants déchirer son visage aux fins traits fatigués et le traîner à l'abri d'un grand arbre pleurant pour finir son carnage dans une mer écarlate qui touchait presque mes pieds. Presque tétanisée, je n'en fus que la passive et effrayée spectatrice immobile et inutile. Rien que d'y penser... De penser à lui et à son corps mutilé et à ses yeux vitreux et rougeoyants, à la bête, l'animal inconnu qui dissimulé dans l'enfer sans étoiles, lâchement s'est enfui, est retourné aux ténèbres délaissant la proie et la victime... Rien que d'y penser, de songer à ma culpabilité, à mes torts dans le drame et surtout, savoir que tout est de ma faute, que sans moi, il serait encore là, vivant et près de notre fille... Quelle idiote j'ai été de vouloir ressortir si tard dans la nuit ! Tout ce sang versé cette heure restera sur mes mains, le sang de mon amour défunt, le sang de mon orgueil.
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Alien : Invasion
Ciencia FicciónLe monde est en lambeaux, ils sont venus, nous ont vus et vaincus. L'espoir n'est maintenant plus que cendres d'un feu qui fut joyeux. Quel monde laisserai-je à mon enfant, ma fille, si jeune et innocente ? Connaîtra t'elle, un jour ce qui m'est ref...