2 juillet 2100

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Cette nuit encore elle n'a cessé de pleurer, de gémir et de crier. Cette nuit encore, les monstres la poursuivaient, la harcelaient, aux côtés d'un spectre roux au fin buste mutilé. Cette nuit encore elle l'a vu partir, elle l'a contemplé mourir et l'autre naître dans le sang. Elle affronte nos ennemis, chaque sommeil depuis deux semaines, chaque instant les yeux fermés au lieu des rêves qui s'y trouvaient, plus invisibles que le mistral qui chuchote dans nos gorges. Elle n'aurait pas dû le voir, elle n'aurait pas dû l'entendre, l'écouter rugir, hurler, mugir, puis se taire. Moi, j'aurais dû l'en empêcher, cacher ses yeux, boucher ses oreilles... J'aurais dû écouter son instinct, sa vision, sa méfiance. J'aurais dû être une bonne mère, la sauver, l'abriter. J'aurais dû  aller au soir, au devant de son lit lui conter des histoires, éloigner ces folies, lui dire que tout allait bien, que les vilaines bêtes étaient parties et qu'elle pouvait dormir tranquille, dans les flammes de minuit. J'aurais dû la rassurer et pourtant, rien n'en fut. J'avais peur pour ma vie, j'avais peur pour ma fille. Peur qu'elle découvre par hasard le destin de son père ou de Philippe, il ne reste plus rien, plus que de la poussière qui s'éparpille au vent. J'avais peur de ses questions, de ma faiblesse de mes mensonges et surtout, de ne plus avoir la force lâche de la tromper. Oui, j'avais peur de tout cela, et cela n'a pas changé. Et je suis toujours terrifiée, à l'idée de la perdre, de la voir s'enfuir, à travers le temps, aussi vite qu'ils m'ont abandonnés. Ils nous ont trouvés, il est entré dans notre ami, dans notre abri, notre misère. Il est tapis derrière les murs, pousse les charnières et leurs lourdes de bois, attendant pour bondir, pour détruire et pour manger et engloutir la belle vie que j'ai longtemps préservée.

Alien : InvasionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant