11 novembre 2099

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Quelle nuit cauchemardesque avons nous dû passer là ! Une fois de plus, il ne me reste qu'à remercier le bon Dieu d'avoir écarté de notre chemin la pluie qui s'y trouvait car cette dernière, aux heures sombres, aurait bien pu causer notre perte. À  cette aurore du deuxième du jour, je n'ose encore imaginer ce qu'il serait advenu de mon ange si je l'avais pas entendu. C'était, selon ma montre, aux alentours du premier coup, le vent s'était enfin calmé, juste assez pour me permettre à l'assoupissement quand soudain, dans le silence des étoiles, ont résonné les pas froids de l'animal. Je ne les ai pas perçus, pas tout suite, à demi immergée dans une somnolence brumeuse, mais le gémissement des gonds rouillés suivi du craquement voisin d'une vieille planche levée a tôt fait de me sortir de ma torpeur. Face à moi s'ouvrait la porte, lentement. Et encore plus lentement, de mouvements presque imperceptibles, j'ai vu doucement poindre dans un rayon de lune échappée des orages, la silhouette masquée de la créature. Oh, je ressens toujours les fins poils de ma nuque se hérisser avec horreur rien que de penser à l'immondice à laquelle j'ai fait face. Dans la pénombre de la nuit, je ne l'ai pas très bien vue, dissimulée par l'obscurité qui semblait se confondre avec son corps. Je peux néanmoins affirmer, sur ma vie et le monde qui m'entoure, que ce monstre, ce démoniaque, n'appartient pas à notre Terre mais vient plutôt du ciel, ou encore des enfers, pour en détruire l'essence. Ainsi, voilà comment, avec pour seules armes mon courage et une fourche ramassée non loin, je me préparait à affronter la bête. La crainte mêlée à la fatigue ne brisait les yeux et flouaient le regard tandis que je le voyais se rapprocher, inéluctablement. Elle n'était désormais plus qu'à un mètre de moi, à deux de ma fille et bandait un à un ses muscles abdominaux comme pour se préparer à bondir. Non, jamais il ne la toucherait, jamais. Ce fut donc dans un effort surhumain, bravant sa force et ma terreur, je lançai mon outil de fortune en direction de sa forme bipède. La fourche, bien que trop écartée de son centre pour lui infliger le coup fatal, a percuté tout de même violemment la côte de l'arrivant, creusant sur son buste une profonde entaille. C'est alors que je l'ai vu, sous mon regard médusé, s'échapper du démon un sang vert et brillant qui a aspergé de quelques gouttes le plancher vermoulu dans un grésillement infernal. Vivant mais affaibli, le propriétaire du fluide a poussé un hurlement sinistre avant de s'enfuir par l'issue d'où il était entré, mais autrement plus rapidement. Toujours pétrifiée et ignorante des pleurs de ma gamine qui avait été réveillée par l'effrayant tintamarre, je ne pus qu'observer le sol se creuser, à l'endroit où le sang venait de couler.

Alien : InvasionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant