Chapitre 2

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Lorsqu'ils atteignirent la citadelle, il faisait déjà nuit. Ils cachèrent leurs uniformes de l'Académie avec des vieux manteaux tachés qu'ils utilisaient pour leurs expériences de chimie, et passèrent discrètement près des gardes, qui crurent voir des enfants de la ville basse en retard qui rentraient chez leurs parents.

L'un des gardes leur lança un quolibet, auquel ils ne répondirent pas.

Ils étaient de retour à la citadelle. Mais c'était là la partie facile de l'affaire.

Ils montèrent les rues en escaliers jusqu'aux parties plus hautes de la ville. Leurs vêtements commencèrent alors à détonner, et ils durent se débarrasser de leurs vieux manteaux car les passants tardifs les regardaient. Et leurs regards disaient : vous n'êtes pas à votre place ici. Il n'y avait rien de pire que de ne pas être à sa place.

Maintenant, ils étaient de nouveau de jeunes élèves de l'Académie, qui allaient probablement être réprimandés, et des sourires satisfaits et ironiques remplacèrent les regards méprisants.

« C'est ce que vous croyez », songea le Docteur. Il avait plus d'un tour dans son sac, et n'allait pas laisser une escapade d'un soir coûter plus que quelques lignes à son ami.

Ils arrivèrent enfin à l'Académie, qui se trouvait dans l'immense bâtiment qui surplombait toute la citadelle. Au sommet de la tour siégeait le Conseil.

- Nous prenons l'entrée principale, déclara le Docteur à mi-voix.

- Mais... Protesta son jeune camarade. Ils vont nous voir.

- Exactement, susurra le Docteur. Si on prend une entrée dérobée, tout le monde saura qu'on n'avait pas le droit de sortir. Mais là...

Il avança jusqu'à la porte imposante et chuchota en la poussant :

- Fais comme moi.

Le Docteur s'avança dans le hall d'entrée en affichant un air important, et son camarade le suivit.

Une femme Seigneur du Temps était à l'accueil, et leur demanda sèchement :

- D'où venez vous ?

- Nous sommes allés faire une course pour le Seigneur Président, assura le Docteur.

Le jeune garçon, près de lui, essaya d'avoir l'air aussi affairé qu'un enfant de sept ans peut l'être.

Le Docteur, le remarquant, lui donna un coup de coude. Il ne fallait pas surjouer le rôle.

- Le Seigneur Président, hein ? Fit la réceptionniste, soupçonneuse.

- Oui, répondit le Docteur, feignant de ne plus avoir l'air très sûr de ce qu'il avançait.

- Je vois. On essaye de passer pour plus important qu'on ne l'est, hein ? Pour qui êtes vous allés faire une course ?

- Pour le professeur d'Histoire Relative, répondit le Docteur, faussement honteux.

- Bon. Vous me ferez cinquante copies chacun de « Aucun mensonge ne passera plus jamais ma bouche ». En circulaire. Filez au lit.

Le Docteur baissa la tête, simulant une posture humble, mais son jeune compagnon vit que cela cachait en réalité un sourire.

- Mais, ce sont des mots très longs, protesta le petit garçon.

Son aîné lui marcha sur le pied pour le faire taire.

- Bien, Madame. Bonne nuit, Madame, dit le Docteur.

Ils n'eurent plus qu'à se faufiler dans leur dortoir au premier étage sans attirer de surveillants, et le tour était joué.
Dans son lit, le petit garçon repensa aux manœuvres du Docteur. Il avait attiré l'attention de la femme à la réception sur un mensonge évident pour cacher celui qu'ils voulaient vraiment lui faire avaler. Cela représentait un gros risque. Mais le Docteur aimait le risque. « Moi aussi, j'aime le risque », pensa vaguement le petit garçon en s'endormant.

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