Gallifrey

Chapitre 5

- Elle n'avait même pas l'air de se souvenir de la punition qu'elle nous avait donné, marmonna le jeune garçon après qu'ils eurent rendu leur travail au matin du jour suivant.

- C'est mieux comme ça, crois-moi, répondit le Docteur.

Ils marchèrent un moment en silence dans les couloirs en direction de leur salle de leçon, montèrent des escaliers, croisèrent un Professeur qu'ils saluèrent, et le Docteur se mit à fredonner un air.

- Qu'est ce qu'il y a ? demanda son jeune ami, qui espérait que cette bonne humeur annonçait une nouvelle frasque.

- Hum ? Pardon ? s'étonna le Docteur.

- De bonnes choses en perspective ?

- Non, s'exclama le Docteur, ou plutôt, si, mais pas au sens que tu entends. C'est juste que c'est aujourd'hui que nous allons aux Simulateurs de Machines avec la classe. J'aime tellement cet endroit.

- Ah. Oui, oui, c'est vrai que c'est sympa, répliqua son camarade, un peu déçu. On y va toutes les deux semaines, il n'y a pas de quoi fredonner.

Ils arrivèrent à la salle de classe, et le Professeur des Machines les fit mettre en rang, leur rappelant qu'aujourd'hui était jour de pratique.

Le Professeur des Machines était en fait une Dame du Temps, ce qui avait pour effet de rappeler leur mère aux plus jeunes, et de créer une certaine condescendance chez les plus âgés, car ils ne voyaient pas souvent de représentantes de l'autre sexe dans leur cursus uniquement masculin. Mais le Professeur se débrouillait plutôt bien. En réalité, elle enseignait également aux élèves féminines, de l'autre côté de l'Acédémie. Elle semblait relativement jeune pour un Seigneur du Temps, mais le bruit courait qu'elle s'était déjà régénérée trois fois, ce qui signifiait qu'elle ne faisait pas son âge. Personne n'aurait su dire si elle avait 300 ou 500 ans.

Le Docteur l'aimait bien. Elle avait une grande intelligence, comme tous les Professeurs, mais aussi une sensibilité qui manquaient aux autres. Elle était forte, et savait s'adapter. Et pour cause : si elle enseignait la Science des Machines, c'est qu'elle-même avait été sur le terrain. Elle avait été pilote pendant une longue période de sa vie, et avait exploré des mondes et des temps reculés pour le compte des Seigneurs du Temps. Elle avait toujours une bonne histoire dans sa manche à raconter à ses élèves.

Tandis qu'ils avançaient vers les simulateurs, le Docteur regarda l'arrière long et ample de la robe rouge du Professeur onduler au rythme de ses pas, sous la large collerette que portaient tous les officiels des Seigneurs du Temps. Il aurait pu l'écouter raconter ses histoires fascinantes jour et nuit ; en les écoutant, il savait que c'était ce qu'il voulait faire, lui aussi. Enfin, peut-être pas la partie où il fallait revenir faire de la paperasse sur Gallifrey.

Le couloir qui menait aux simulateurs était aussi celui qu'empruntaient les pilotes, car tout ce qui concernait les machines était regroupé à un endroit de la Citadelle.

- Formez trois groupes de six, ordonna le Professeur lorsqu'ils furent arrivés. Comme d'habitude, je veux qu'il y ait différentes tranches d'âge dans chaque simulateur.

Ils s'exécutèrent, et, après quelques arrangements, l a consigne des tranches d'âges fut respectée. Malheureusement, cela signifiait que les deux amis seraient séparés.

- A plus, murmura le Propriétaire en allant rejoindre un groupe qui manquait de petits.

Les portes des simulateurs s'ouvrirent, et ils entrèrent. Le simulateur ressemblait exactement à l'intérieur d'une Machine. Ce qui signifiait qu'il ne ressemblait à rien de ce qu'ils avaient vu jusqu'ici, car chaque Machine était unique – Il s'agissait presque d'un être vivant, que les Seigneurs du Temps faisaient grandir dans une salle dédiée un peu plus loin, et qu'ils avaient dotée d'une capacité de régénération assez similaire à la leur. Pourtant, certains éléments restaient les mêmes quelle que soit la Machine ; il y avait toujours une console au centre de la pièce, de quoi s'asseoir autour, beaucoup d'écrans, et des escaliers qui menaient au reste du vaisseau. S'agissant d'un simulateur, ces escaliers-là ne menaient nulle part.