Gallifrey

Chapitre 18

Quelque temps plus tard, Samantha mourut. Au dernier moment, le Docteur crut qu'elle allait pouvoir se régénérer, mais l'énergie vitale resta coincée et la consuma de l'intérieur, comme cela était arrivé pour tous les autres sujets atteints de cette maladie qu'il avait passé des nuits entières à étudier depuis qu'il savait que Sam en était atteinte.

Résigné, il baissa la tête. Après un moment, il se tourna vers Susan. C'était le seul membre de la famille qui était venu voir Sam dans ses derniers moments, et pourtant elle n'aurait même pas dû être là : elle était censée avoir cours.

Il ne lui parla pas, mais un signe de tête suffit pour lui signifier qu'ils partaient.

Ils emportèrent le minimum. Quelques vêtements, livres et objets pour raisons sentimentales – le tournevis sonique en faisait partie. Puis ils prirent le premier téléport pour la Citadelle.

Le Docteur s'attendait à trouver la cité changée depuis son enfance et ses études à l'Académie, mais il n'en était rien. Les Seigneurs du Temps étaient si figés dans leurs traditions que si quelque chose tombait en ruines, ils le reconstruisaient à l'identique. Pas de changement signifiait pas de décadence. Mais pas d'amélioration non plus, pensait le Docteur.

Susan avait quatorze ans, et l'uniforme de sa grand-mère de l'époque lui allait comme un gant. Le Docteur avait du mal à la regarder habillée ainsi, mais ils avaient besoin de ce déguisement pour entrer à l'Académie. A l'entrée, des Filles, il prétendit qu'il était un nouveau Professeur.

Susan entra un instant plus tard, et avant que le réceptionniste ait le temps de la questionner sur ses allées et venues, le Docteur la réprimanda vertement et lui intima de le suivre, jeune fille ! Le réceptionniste eut l'air satisfait de ce traitement et les laissa passer. Immédiatement, le Docteur retrouva ses repères. Les dortoirs étaient au premier étage, les classes au second. Ils devaient aller au troisième, où se trouvaient d'autres salles de classe, le réfectoire et les simulateurs. Ils prirent l'ascenseur ; il était normalement réservé aux Professeurs, et il était donc logique que le Docteur l'utilise.

Au troisième étage, le Docteur prit le couloir qui menait aux Machines, Susan sur les talons. Tout se passait bien ; mais ils se rapprochaient des locaux pilotes, qui seraient probablement plus regardants quant à l'identité des intrus.

Tout à coup, il vit trois Seigneurs du Temps arriver en face d'eux. L'un d'eux était le Maître. Près de lui, devisant gaiement, se tenait Charles. C'en était assez.

Tournant abruptement, il entra dans la salle qui était sur sa droite. Susan le suivit.

Il reconnut l'endroit ; c'était de là que venait le pilote qui l'avait interpellé le premier cette nuit là. Le garage. Il y avait là des machines ; elles avaient l'air de grosses colonnes blanches avec des portes. Personne d'autre ne se trouvait dans la salle.

- Nous allons voler un TARDIS ? s'émerveilla Susan, qui n'avait été mise au courant que de la moitié du plan.

- TARDIS ? Demanda vaguement le Docteur, qui inspectait les Machines.

Il en fallait une qui pourrait marcher, ce qui n'était pas évident car toutes les Machines de la pièce étaient endommagées ; c'était pour cela qu'elles étaient au garage en premier lieu. Il aurait préféré aller jusqu'aux Machines en parfait état de marche, mais avec le Maître et Charles dans le passage, c'était hors de question.

- Time And Relative Dimension In Space. Je pensais qu'il manquait un mot plus spécifique pour désigner les Machines.

- TARDIS ce sera, alors, déclara le Docteur en choisissant une Machine qu'il jugea être en état de marche. Partons d'ici.

Ils entrèrent, et après quelques hésitations – il n'avait jamais eu son brevet de pilote, après tout – le Docteur réussit à faire démarrer l'engin.

Alors que des alarmes se mettaient en route dans toute la Citadelle, le bruit distinctif du TARDIS résonna pour la première fois.

A cet instant précis, six pilotes de la Citadelle se retrouvèrent soudainement au chômage technique, et le Destin se mit en marche.

- Une tempête se prépare, murmura la prophétesse dans son sommeil.

Le Docteur mit le cap sur la Terre – pour autant qu'il pouvait en juger.

« Pour Sam », pensa-t il.

Et ce n'est que le commencement.