Chapitre 11

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Beaucoup d'autres élèves de l'Académie avaient tenté cette manœuvre, mais ils étaient souvent un peu plus âgés que le Docteur, et ils avaient toujours d'autres raisons en tête.

Il n'y avait officiellement aucune communication entre la partie du bâtiment des garçons et celle des filles. Les portes d'entrée étaient presque diamétralement opposées, et il était peu discret de se présenter à la porte des filles lorsqu'on était un garçon. Cependant, le Docteur avait compris depuis longtemps qu'il était extrêmement peu pratique pour une équipe d'enseignants de travailler dans un bâtiment configuré ainsi ; en outre, la tour n'était pas seulement dédiée à l'Académie, ce qui signifiait qu'il existait forcément d'autres passages pour se rendre de l'autre côté. Le plus logique serait d'avoir un passage au niveau des bureaux des professeurs, pensait-il.

C'est pourquoi le Docteur commença par se rendre à l'étage des bureaux. Là, il trouva facilement le mur qui séparait la partie des garçons de celle des filles. C'était juste un mur vide, malheureusement. Il parcourut le couloir plusieurs fois, passa sa main en quête d'une porte cachée, mais ne trouva rien. Au bout de dix minutes, il décida de ne pas s'affoler et de s'arrêter pour réfléchir. Le cœur battant, il se laissa glisser le long du mur, et s'assit par terre. Il s'efforça de poser les bonnes questions. Qu'avaient les deux parties du bâtiment en commun ? L'étage supérieur devait les réunir, car il n'appartenait pas à l'Académie. C'étaient les bureaux de l'Administration Gallifreyenne. Mais il ne pouvait pas aller là-haut. Les élèves n'y étaient admis en aucune circonstance. Il ne pourrait trouver aucune bonne excuse s'il était découvert là-haut.

Il ferma les yeux et soupira. Si seulement il avait une Machine... Il pourrait l'utiliser pour... Soudain, il rouvrit les yeux. Les machines ! On pouvait forcément accéder aux salles des Machines depuis les deux parties de l'Académie ! Les filles utilisaient les mêmes simulateurs ! Donc en passant par là, il devrait pouvoir rejoindre son but !

Il se leva et entreprit de descendre les étages et de se rendre discrètement u bâtiment des Machines.

Malheureusement, certains pilotes étaient encore en activité à cette heure de la nuit. S'ils le voyaient...

- Dis donc, où est ce que tu vas comme ça ? Lança une voix derrière lui.

Il se retourna. C'était un pilote assez jeune, qui sortait d'une salle de garage où les Machines étaient rangées lorsque l'on ne s'en servait pas, ou lorsqu'elles étaient en réparation.

- On m'attend en salle 5 ! s'écria le Docteur. Désolé !

Il pressa le pas vers l'autre bout du couloir sans lui laisser le temps de riposter. Tout ne se passait pas comme prévu. Et il ne faisait qu'arriver au niveau des simulateurs.

Il entendit des pas dans le couloir qu'il comptait prendre. Sans réfléchir, il s'engouffra dans un des simulateurs. C'était le simulateur deux, celui où il avait eu cours la dernière fois qu'il avait vu le Professeur.

La grande pièce était sombre, la seule source de lumière étant la colonne au centre de la console de pilotage, qui luisait faiblement. Le reste de la pièce était vide. Aucune décoration. Il n'y avait que l'essentiel, ce qui faisait marcher les Machines. Le Docteur s'avança et étendit la main pour toucher la colonne au centre de la console. Il eut l'impression qu'elle luisait un peu plus. Il fit le tour de la console ; évidemment, tous les écrans étaient éteints, il n'avait aucun moyen de savoir si la voie était libre.

Il revint au vieilles méthodes et entrouvrit la porte pour jeter un œil. Trois adultes discutaient dehors. Il put entendre des bribes de leur conversation, et crut comprendre qu'ils revenaient d'une mission sur une planète relativement proche.

- Ils respecteront la causalité, ou ils mourront ! C'est ce que j'ai toujours dit, râlait un homme.

- Tu es toujours si radical, je pense que la sentence que nous avons appliquée était très correcte, contra une femme.

- C'est les formulaires que nous allons devoir remplir maintenant qui me plombent, fit un deuxième homme, qui avait l'air plus jeune.

- Il faut t'y faire. Imagine, si nous ne gardions aucune trace de ce que nous faisons...

- La catastrophe... admit le jeune pilote.

Ils s'éloignèrent, et une fois que leurs voix furent hors de portée, le Docteur sortit de sa cachette.
À partir de là, c'était l'inconnu pour lui. Il obliqua dans la direction qui mènerait logiquement aux salles de classe des filles. Il ne croisa plus de pilotes, et finit par se retrouver dans un endroit étrangement familier. Un instant, il se crut revenu dans l'Académie des garçons. Mais c'était impossible. Il comprit rapidement que l'Académie des filles était l'exact inverse de celle des garçons. Tout y était construit en miroir. A l'Académie des garçons, il aurait tourné à gauche à cet endroit pour monter un escalier qui le mènerait aux bureaux des professeurs ; il tourna donc à droite, et trouva en effet un escalier.

Il savait que de nombreux professeurs restaient jusque tard dans la nuit à travailler dans leur bureau, c'est pourquoi il avait grand espoir de trouver la Professeur des Machines ce soir là. Son espérance s'accentua lorsqu'il vit de la lumière filtrer sous la porte de certains bureaux. Sans réfléchir, il se rendit directement à l'endroit inverse de celui où se trouvait le bureau de la Professeur de son côté de l'Académie. Mais aucun rai de lumière ne trahissait de présence.

Le Docteur sentit la déception jeter un voile sur son cœur.

Le couloir s'illumina brusquement quand une porte s'ouvrit. Le Docteur plissa les yeux et se cacha le visage, ébloui.

- Qui est là ? Demanda faiblement une voix de vieille femme. J'ai entendu du bruit.

Puis elle le remarqua.

- Oh, c'est toi ? Retourne te coucher, ma petite. Il est tard.

Comprenant qu'on le prenait pour une fille à cause de ses cheveux mi-longs, le Docteur essaya de prendre une voix légère et dit:

- Mais c'est important, Professeur. Je dois absolument parler au Professeur des Machines.

- Elle est absente depuis quelques jours, répondit la vieille Dame du Temps, qui avait des cheveux gris bouclés, et portait des lunettes très épaisses. Elle doit être du côté de l'Académie des garçons, je pense. Tu pourras lui parler Jeudi prochain. Allez, retourne au dortoir avant que je ne te punisse.

Cette dernière phrase étant une évidente mais pathétique tentative d'intimidation, le Docteur fit un pas en arrière pour cacher un peu plus son visage dans l'ombre, et dit :

- Oui, Professeur, bien sûr. Bonsoir, Professeur.

Puis il partit en courant.

Le Professeur n'était donc pas ici non plus. Elle avait disparu ?! Il fallait qu'il comprenne. Il fallait qu'il la retrouve ! Et si elle avait eu des ennuis à cause de lui, par ce qu'elle lui avait dit les détails de la prophétie qu'il n'était pas censé connaître ?!

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