- Propriétaire !? s'exclama-t il, courant vers son Professeur. Qu'est ce que tu as fait ?!
Avant qu'il ne puisse s'agenouiller auprès du Professeur, son ancien ami brandit un sonique devant lui de façon menaçante. Il s'agissait du tournevis sonique du Professeur d'Histoire Relative.
- Ne m'appelle plus Propriétaire, dit il calmement. Posséder ne me suffit plus, à présent. J'ai vu le Schisme. J'ai vu la puissance, la grandeur qui m'attendaient... J'ai vu toutes les possibilités qui s'offraient à moi, l'Espace et le Temps. Et je veux les dominer. A partir de maintenant, l'Univers me connaîtra sous le nom de... Maître.
Le Docteur eut un mouvement de recul, puis son visage se ferma.
- Mais pourquoi ? Pourquoi elle ? Est-ce qu'elle vit ?
- Elle vit peut-être encore, mais plus pour longtemps. Je n'ai jamais vu le processus de régénération de première main, et toi ? demanda-t il d'un ton badin. Je pense que ça sera très... éducatif.
Le Docteur profita de ce que le Maître avait sa garde baissée pour bondir sur lui, l'immobilisa au sol et lui arracha le tournevis sonique.
- Qu'est ce qui t'arrive ?! s'écria-t il, son visage à quelques centimètres de celui du Maître. Jamais le garçon que je connais ne ferait une chose pareille ! Tu étais mon meilleur ami ! Qu'est ce qu'ils t'ont fait, à la cérémonie ?!
La vue du Docteur était brouillée par les larmes, si bien qu'il ne reconnut pas la personne qui parla près d'eux.
- Il n'a fait que ce qu'on lui a demandé, déclara la personne inconnue.
Deux mains d'adulte se saisirent des épaules du Docteur, le séparèrent de son camarade et le remirent debout. Il vit que l'on aidait également le Maître à se relever.
Le Docteur essuya ses larmes, en profita pour glisser discrètement le tournevis dans sa manche puis dans sa poche, et reconnut enfin les personnes présentes. Il s'agissait du Seigneur Président, assisté de Rassilon, du Professeur Référent de l'Académie des garçons, et de deux autres Seigneurs du Temps.
L'un d'eux retenait Sam.
- Quoi ?! s'exclama le Docteur, confus.
- Voici donc le Docteur, constata le Seigneur Président.
Ses sbires se mirent en mouvement pour l'attraper, mais il les retint d'un geste de la main.
- Non, laissez-le. Il a le droit de savoir ce qui se passe. C'est un jeune homme sensé, je suis certain qu'il comprendra.
Le Docteur retint une exclamation indignée, et le Seigneur Président se dirigea vers le Professeur à Terre en s'aidant de son grand sceptre pour marcher.
- Le Professeur des Machines, commenta-t il. Un excellent élément lorsqu'elle était pilote, mais elle a toujours eu ce détestable esprit d'aventure. L'aventure, sachez-le jeune homme, n'a jamais été le but des expéditions des Seigneurs du Temps. Nous sommes un peuple mature et posé, qui n'avons que faire de ce que d'aucuns appellent l'amusement. Nous régulons les événements et les avancées technologiques dans tous les mondes civilisés. Nous faisons en sorte que tout ce qui doive arriver arrive, et que ce qui ne le doit pas n'arrive pas. Nous sommes les experts ultimes en matière d'Histoire. Si nous voyageons dans le Temps, c'est pour aider le Temps à s'écouler.
Il revint lentement vers le Docteur.
- Il y a pourtant une chose que nous n'arrivons pas toujours à maîtriser ; et c'est notre propre destin. Nous n'avons aucun contrôle sur les événements ici sur Gallifrey, pour la bonne raison que nous ne pouvons pas voyager à l'intérieur de nos propres lignes temporelles. Ah, nous avons recours à une prophétesse ; ses paroles sont parfois remises en doute. Pourtant, il ressort souvent des choses de ces prophéties, que nous devons à tout prix éviter. Elles font partie de ces événements qui ne doivent pas arriver. Par exemple...
Il lui lança un regard perçant.
- Vous ne devez pas arriver. Oui, vous, ne prenez pas cet air innocent avec moi, mon petit, ça ne marche pas. On m'a dit que vous vous faisiez appeler Docteur. J'ai entendu la jeune fille vous appeler ainsi lorsque vous êtes arrivés. Or vous n'êtes certainement pas un vrai Docteur à votre âge, quoique vous soyez considéré comme le petit génie de votre promotion, à ce que l'on m'a rapporté. Et voilà que notre ami veut se faire appeler le Maître ?! Cela confirme nos prophéties de façon alarmante. Je veux parler de la prophétie qui dit que vous mènerez Gallifrey à sa perte, bien entendu. Cette prophétie dont vous n'auriez jamais dû entendre parler, et si cette peste n'avait pas été là... !
Il bougea de façon étonnamment vive par rapport à ses mouvements jusque là et donna un coup sec de son sceptre dans les reins du Professeur au sol. Le Docteur fit une grimace de douleur en compassion. Le Seigneur Président se tourna ensuite vers ses sbires.
- Car mes ordres étaient clairs, n'est ce pas ? Le moins les héros concernés en savaient sur la Prophétie, le moins ils étaient susceptibles de la faire se réaliser par leur simple volonté !
Puis il vira à nouveau et s'adressa au Docteur.
- Croyez-moi, il me serait bien plus simple de vous tuer sur le champ. Mais je ne le ferai pas. Car cela fait partie de ces choses qui ne doivent pas être. Et nous avons en outre des règles d'hygiène et de sécurité assez strictes dans ce bâtiment.
Il fit la moue en jetant encore un coup d'œil au Professeur par terre.
- Certaines personnes, pourtant, ne semblent pas en être au fait. Ces mêmes personnes qui par ailleurs ont vendu la mèche de la Prophétie, l'aidant ainsi à se réaliser... Des traîtres à notre nation ! Mais je ne vous laisserai pas faire, jeune homme. Croyez-moi.
- Puis-je l'achever, Seigneur Président ? Demanda le Maître, dansant presque d'excitation au-dessus de la forme inanimée du Professeur.
- Pas encore, pas encore, mon enfant, le temps n'est pas venu.
- Mais pourquoi l'avoir mêlé à tout cela ?! s'exclama le Docteur, agitant une main en direction de son ancien ami. Il valait mieux que ça !
- Il s'en est mêlé lui-même, répondit simplement le Seigneur Président. C'est lui qui, le premier, est venu nous trouver pour nous parler de votre comportement bizarre après votre entrevue avec le Professeur. C'est lui qui nous a dit que vous vous faisiez appeler le Docteur. Il s'inquiétait pour vous, le cher petit. Vous avez tout de même disparu tout un après midi. Nous lui avons promis que nous nous en occuperions, et il a tenu à participer. Il a exécuté nos plans à merveille, prouvant qu'il pouvait être le parfait soldat de Gallifrey qui protégera notre communauté contre les menaces telles que vous ! Il avait sur lui un sonique, qu'il a dû subtiliser avec une grande habileté à l'un de vos professeurs, et s'en est servi avec brio.
Rassilon esquissa une moue. Lui savait qui avait été le premier à effectuer ce petit tour. Le Docteur pria pour que personne ne se demande où était passé le sonique en question, et fut exaucé car le Seigneur Président enchaîna immédiatement :
- Sa cérémonie du Schisme tombait à point nommé, ce soir. Tout cela devait être, et a été. Quant à vous... Je dois dire que je n'espérais pas votre visite. Et cette jeune fille n'a semble-t il aucun rôle dans l'histoire. Il faudra pourtant qu'elle vous suive dans votre déchéance, car elle en a bien sûr trop entendu. Mais voilà le moment que j'attendais.
La Dame du Temps, étendue au sol, commençait à s'entourer d'un halo doré, signe de sa régénération prochaine.

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Gallifrey
FantascienzaGAGNANT DES WATTYS 2019 - FANFICTION Gallifrey - notre enfance, notre foyer... Il y a très, très longtemps, quelque part dans la galaxie de Kasterborus. Deux enfants courent dans un champ. Les feuilles argentées des arbres scintillent dans la brise...