Chapitre 8

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– Seras-tu là ?

« Quand nos regrets viendront danser autour de nous »


Automne 1814 – Birmingham, Royaume-Uni


All Hallows Eve. Le soir de tous les saints.

Je pénètre dans la demeure de la famille de Niall. J'ai été invité à célébrer la fête celtique du Samain, une tradition chez les irlandais et les écossais. Je n'ai jamais vraiment apprécié les célébrations païennes, tout comme ce qui touche de près ou de loin à l'irrationalité des hommes, mais j'ai tout de même fait le déplacement.

Après mon altercation avec Niall de la semaine passée, nous ne nous sommes pas revus. Ella en a fait tellement d'histoires qu'elle m'a fait promettre que jamais elle ne céderait à ses avances si elles avaient lieu d'être. J'ai accepté. Il ne me reste plus qu'à convaincre Niall de me pardonner mon écart.

J'entre à l'intérieur de leur maison. Je suppose que sa famille a invité peu d'anglais à la cérémonie. Dans un pays chrétien comme le nôtre, il serait déplacé d'évoquer les druides celtes. Niall m'a assuré qu'il ne s'agissait là que d'une vieille tradition irlandaise, célébrés au nom du passé et non plus par croyance.

Je l'aperçois au milieu de la foule. Il est accompagné d'un autre homme, blond lui aussi, mais légèrement plus imposant. Je m'avance vers eux.

— Bonsoir.

Niall se retourne vers moi et marque un léger sursaut de surprise en m'apercevant.

— Tu as invité un anglais ? Demande aussitôt l'homme à côté de lui.

— Je ne pensais pas que tu viendrais, déclare Niall à mon attention.

— Qui es-tu ? Me demande l'autre.

— Louis Thompson. Un ami de Niall.

— Vraiment ? S'étonne le concerné.

— J'aimerais te parler en privé si tu veux bien.

Niall se retourne vers l'homme, déclarant brièvement :

— Grégoire, peux-tu nous laisser ?

— J'espère qu'il ne nous posera pas d'ennui, lui répond ledit Grégoire.

— Aucun, lui assure Niall.

Après m'avoir lancé un regard noir, l'homme s'éloigne en soupirant.

— As-tu prévu de braquer de nouveau une arme contre ma tempe ? Interroge Niall une fois qu'il fut assez éloigné pour ne pas nous entendre.

— J'ai réagi excessivement, je m'en excuse.

— Excuse acceptée.

— Si facilement ? M'étonné-je d'un froncement de sourcils.

— Je ne suis pas très doué pour être en colère, m'avoue-t-il d'un haussement d'épaules. Et, pour être totalement honnête avec toi, je n'ai jamais cru que tu serais capable d'appuyer sur la gâchette. Tu es un humaniste.

— Pas le moins du monde.

— Peu importe.

Je lance un bref regard derrière moi, avant de l'interroger :

— Qui était cet homme ?

— Grégoire, mon frère.

— Un homme tout à fait charmant.

Après minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant