Chapitre 5

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– Les uns contre les autres

« On est toujours tout seul au monde »


Eté 1814 – Birmingham, Royaume-Uni


— Louis !

J'entends la voix de ma mère du rez-de-chaussée.

— Il y a quelqu'un pour toi !

Je m'arrête dans la lecture de mon livre, froissant le coin de la page pour retrouver le passage. Personne ne me rend jamais visite, je n'ai aucun ami. Je repose le bouquin sur mon lit et descends les escaliers en trombe, curieux et anxieux à la fois. Se pourrait-il que ce soit... ?

Non, c'est bien trop stupide. Nous nous sommes donnés rendez-vous cette nuit, au bar devant lequel je l'ai trouvé la fois dernière.

— Louis ! Répète ma mère.

— Je suis là, rétorqué-je, en lui passant devant, alors qu'elle rejoint la cuisine au sifflement de la bouilloire.

Je me plante devant la porte d'entrée, ayant un moment d'absence face à la personne qui m'y attend.

— Niall, finis-je par balbutier. Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Comment as-tu eu mon adresse ?

— Tu m'as donné ton nom de famille, me rappelle-t-il. Ce n'était pas difficile à trouver.

— Et la réponse à la première question ?

— Je te dérange ? Comprend-il d'un froncement de sourcil.

— Du tout. Je suis juste étonné.

Dérangé, insiste-t-il.

Je me sens alors obligé de préciser :

— Personne ne vient jamais me voir. Ce n'est pas personnel.

— Je suis définitivement vexé Louis, on peut peut-être passer à la partie ou tu te rattrapes ?

Je le regarde, totalement hébété.

— Je plaisante, ajoute Niall, me fixant soudainement d'un air inquiet. As-tu un problème avec l'humour ?

— Je crois avoir un problème avec les relations humaines.

— Je vois ça, confirme-t-il en riant. Leçon numéro un : « On ne laisse pas un ami sur le pas de la porte ».

Je me recule de deux pas, l'esprit confus. Je crois qu'une partie de moi essaie encore de comprendre ce qui est en train de se passer. C'est la première fois que je laisse entrer quelqu'un dans ma maison, dans mon intimité...

Ella, je réalise brusquement.

— Attends !

Je me poste devant lui, l'empêchant d'entrer davantage.

— Là, je vais vraiment être vexé, relève Niall.

— La maison n'est pas rangée. Je me sens terriblement mal à l'aise.

— Vous n'avez pas de domestiques ? S'étonne-t-il.

Si, en quelque sorte. Il est juste hors de question qu'il la rencontre.

— Si on sortait faire un tour ? Il fait beau. C'est le début de l'été.

— Louis, tu es étrange.

Après minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant