Chapitre 3

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Ce n'est pas la première fois que je passe devant les bureaux de l'entreprise, ni même que j'y rentre, pourtant je ne peux pas m'empêcher de laisser s'échapper un léger son d'émerveillement. Le bâtiment est immense, à la fois moderne et classique. J'ai encore du mal à croire que c'est mon lieu de travail, l'endroit où je vais passer le plus part de mon temps.

- Premier jour, hein ?

Je sursaute à cette voix soudaine et me retourne subitement. Prise dans mon élan, mon coude vient percuter les côtes de l'individu qui se tenait derrière moi. À se contacte brusque, l'homme – maintenant face à moi – lâche un petit gémissement.

- Je... je suis désolée, excusez-moi, j'ai été surprise et...

- C'est bon... ce n'est rien, dit-il alors qu'il grimace encore, tête baissée.

- Vous êtes sûr ?Je veux dire... je viens quand même de vous donner un méchant coup de coude.

- Je vous l'ai dit, ce n'est rien. C'est en partie ma faute, je vous ai effrayé.

Il répond cela avec un grand sourire, ce qui me laisse confuse. Je détaille son visage et me rend instantanément compte que la personne face à moi est en réalité le responsable marketing, Daniel GERMAIN. Mal à l'aise je n'ose plus rien dire et préfère regarder par terre.

- Vous êtes Margot AUBERT, n'est-ce pas ? Ma collègue de travail ?

Le rouge me monte aux joues, je suis dans la pire situation qui puisse être. Il sait comment je m'appelle et quel est mon poste. Avec cet incident, il doit très certainement m'avoir déjà classé dans le groupe des personnes peu fréquentables.

Prise par la honte, j'esquive sa question et lui tourne le dos avant de me rendre à grandes enjambées dans le bâtiment.

Arrivée dans le hall d'entré, je valide mon badge et me précipite vers le premier ascenseur à ma porté. Je me glisse de justesse dans celui-ci avant que les portes ne se referment devant moi. Enfin seule, je souffle un bon coup, soulagée de m'être extirpée de ce moment gênant.

Alors que je m'apprête à appuyer sur le bouton menant à mon étage, je remarque - par le fin cercle rouge qui l'entoure - que celui-ci a déjà été enclenché. J'en déduis donc que je ne suis pas seule dans l'ascenseur. Par politesse, je me retourne et me courbe légèrement pour saluer la personne à mes côtés, en relavant la tête la surprise est de taille. Mon sang se glace et mon visage se crispe en considérant devant moi la directrice marketing.

- Vous semblez bien agitée, me fait-elle remarquer. Est-ce votre premier jour de travail qui vous rend si nerveuse ?

- Je... je ne suis pas nerveuse, répliquais-je en essayant de donner un peu de consistance à mes propos.

Elle ne rétorque rien mais laisse paraître un sourire en coin, qui en dit long sur ses pensées : elle n'est pas convaincu par mes paroles et s'amuse beaucoup de ma nervosité apparente.

Ne comptant pas m'écraser devant elle, je regagne en assurance et la défie du regard.

- Ça vous amuse, n'est-ce pas ?

La directrice accepte mon petit défi et me fixe du regard.

- Je ne sais pas, tout dépend à quoi vous faites référence.

- Mépriser les autres et toujours avoir le denier mot. Ce sont les seules choses qui semblent vous amuser.

- Eh bien, en vérité ce ne sont plutôt des conséquences de mon premier plaisir.

- Et en quoi consiste-t-il exactement, pour que vous ayez si mauvais caractère ?

- C'est évident, je veux être la meilleure. Je méprise ceux qui abandonnent dès la première difficulté alors qu'ils ont juré travailler dur. Je les méprise car ils font des promesses qu'ils ne parviennent pas à tenir. Ils ne savent pas ce que travailler dur signifie et ils ne comprennent pas non plus l'enjeu d'une promesse.

Viens sous mon parapluie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant