Chapitre 20

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Je suis perdue. Je ne sais pas si je suis énervée ou triste. Ces deux sentiments se complètent tellement bien en ce moment... La réaction d'Elena m'a mis en colère car j'ai l'impression qu'elle refuse de se confier à moi, mais en même temps je ressens une profonde tristesse face à la douleur de cet événement qui l'a tant marqué et dont elle prend toute la responsabilité. Pourquoi doit elle porter ce fardeau ? Peut-elle se libérer de ces chaînes ? Sait-elle ne serais-ce que de profiter de la vie ? Elena, j'ai si mal pour toi...

Déambulant dans les rues de Paris avec mon sachet repas à la main, je me fais en sang d'encre pour ma directrice. J'hésite un instant entre la laisser tranquille pour qu'elle puisse se calmer et au contraire, lui imposer ma présence pour qu'elle se confie. Le problème si je la laisse seule, c' est qu'elle sera davantage réticente à m'en parler plus tard. La connaissant, elle va se renfermer sur elle même et éviter le sujet à tout prix. C'est une réaction normale en soi... l'humain fuit de nature ce qui le fait souffrir. Finalement, je ne peux pas la laisser seule car ça ne va pas l'aider à se sentir moins responsable. Alors je n'ai pas le choix, il faut absolument que je la retrouve.

- Putain d'ascenseur ! Tu vas te grouiller ! m'énervé-je devant les portes toujours fermés de celui-ci.

J'ai rejoins l'entreprise au pas de course en espérant y trouver Elena au plus vite mais cette p'tite merde de boîte en métal en a décidé autrement. Je m'impatiente et lâche un « Enfin ! » lorsque l'ascenseur s'ouvre finalement.

L'ascension me semble tout autant interminable et lorsque j'arrive enfin à mon étage, je me dirige directement vers le bureau de ma partenaire. J'ouvre la porte sans ménagement et sans en avoir eu l'autorisation mais au vu de la pièce vide qui me fait face, j'aurais pu attendre éternellement devant la porte. Anxieuse de ne pas la trouver ici, je marche d'un pas rapide vers l'open space où mes collègues ont déjà repris leur travail.

- Vous n'avez pas vu Elena, euh, Mme CORRE, par hasard ? m'empressé-je de leur demander.

Tous répondent par un mouvement de tête négatif, ce qui ne fait qu'accroître mon anxiété.

- Mais bordel de merde ! crié-je. Elle est où putain !? injurié-je sous la pression.

Je repars en direction de l'ascenseur, une idée en tête pour la retrouver.

Devant l'immeuble de l'entreprise, je sors mon téléphone et fais défiler les numéros de mon journal d'appel jusqu'à remonter au mois de juin. Je repère le numéro inconnu qui m'avait appelé à l'époque et j'appuie sans hésitation pour joindre le propriétaire de celui-ci. Le téléphone sonne quelques secondes avant qu'une voix d'homme ne décroche.

- Oui allô ? entame l'homme au bout du fil.

- Bonjour, Mr LEFEBVRE des ressources humaine ? demandé-je

- Oui c'est bien moi, mais excusez-moi, à qui ai-je l'honneur ?

- Ah oui, veuillez m'excuser, Mlle AUBERT, la cheffe de produit du service marketing, me présenté-je.

- Oh Margot AUBERT ! Comment allez-vous ? demande-t-il avec enthousiasme.

- Eh bien, ça va merci, mais j'ai un petit service à vous demander s'il vous plaît, me dépêché-je.

- Je vous en prie, je vous écoute, répond-il.

- Alors voilà, Mme CORRE m'a demandé de lui faire parvenir une lettre importante directement chez elle mais j'ai malencontreusement égaré son adresse, vous pensez pouvoir me la fournir ?

- Vous ne pouvez pas le lui re-demander ? interroge le directeur des ressources humaines.

- Honnêtement, si je fais ça, je risque fortement de ma faire taper sur les doigts. Vous connaissez la directrice, elle n'aime vraiment pas les erreurs de ce genre...

Viens sous mon parapluie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant