Chapitre 18

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Les semaines s'enchaînent et Elena ne s'est toujours pas réveillée mais je garde espoir. Chaque jours, je me rends à son chevet et lui raconte mes journées, c'est devenu une sorte d'habitude.

Au bureau, tout est calme. A la suite de l'incident, un mail nous est parvenu pour justifier de l'absence de notre directrice et de notre collègue. Ainsi, Elena est hospitalisée suite à une chute dans les escaliers et Daniel renvoyé pour faute professionnelle grave. Aucun lien avec moi donc, c'est peut-être mieux ainsi. Connaissant Elena, cette version de l'histoire doit être arrangeante. Surtout dans le monde des affaires, ses moindre faits et gestes sont scrutés avec attention, prêts à être exposés au monde entier en tout instant.

A force de fixer mon ordinateur mes yeux picotent et mon cerveau s'échauffe, il est temps que je prenne une pause café. Je pousse ma chaise de bureau et m'étire de tout mon long avant de me lever.

- Je vais me prendre un café, quelqu'un veut que je lui ramène quelque chose ? interrogé-je mes collègues.

- Je veux bien un cappuccino s'te plaît, me lance Agnès par dessus son box.

- Reçu ! lui répondis-je en rejoignant la salle de repos.

Je fais couler mon café avant de préparer la boisson de ma collègue. Je ne lui ai pas demandé si elle voulait du sucre, bon tant pis, je lui rapporte un sachet quand-même, je verrai bien.

- Agnès, je savais pas si tu voulais sucrer ton cappuccino alors j'ai préféré prendre un sachet à part, crié-je à ma collègue alors que mon regard est plongé sur les deux boissons dans mes mains.

J'avance pas à pas, les yeux toujours rivés sur les cafés afin d'être sûre qu'il n'y ait pas de débordement.

Puis, alors que je marche prudemment en regardant le sol, ma tête vient percuter une personne devant moi.

Arrêtée net dans mon élan, les deux boissons que je tiens dans les mains déversent une partie de leur contenu sur le sol.

- NON ! m'écrié-je. Tous ses efforts réduits à néant ! exagéré-je.

- Vous vous voulez que je tienne les boissons en attendant que vous puissiez aller chercher de quoi nettoyer ? demande la personne en face de moi.

- Ça serait vraiment gentil de votre part, répondis-je toujours concentrée sur le liquide déversé au sol.

Je reste là, plantée, comme absorbée par la petite mare à la couleur brune et aux reflets caramel qui repose à mes pieds.

« Je vous les prends, alors » entendis-je alors que les mains de la personne en face de moi viennent rejoindre les miennes.

Ces doigts longs et fins qui caressent mes doigts alors qu'ils agrippent les tasses, ils me sont si familiers, je pourrais les reconnaître entre mille, ce sont ceux d'Elena !

Mon cœur s'accélère soudainement et mon corps est parcouru par l'excitation. Je lève précipitamment la tête et mes yeux rejoignent ceux que je n'avais pas vu depuis plus de cinq semaines. Les larmes me montent et je me jette au creux des bras de ma supérieure.

- Elena ! m'écrié-je en resserrant mes bras autour d'elle.

- Salut toi, chuchote-t-elle à mon oreille.

Entendre de nouveau sa voix, pouvoir respirer son parfum et la prendre dans mes bras, cela semble si irréel.

- J'aimerais vraiment pouvoir t'enlacer aussi mais j'ai deux boisson brûlantes entre les mains et je dois supporter les regards interrogateurs de nos collègues.

La honte vient tacheter mes joues au fur et à mesure que je prends conscience de la situation. Je suis clairement en train de faire un câlin à ma supérieure devant tous mes collègues. Je suis vraiment pas douée !

Viens sous mon parapluie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant