Javi
Si je devais qualifier mon humeur du moment, je dirais : assez moyenne. Entre la pression de la prochaine compétition, le chaos à l'aéroport et Yuzu qui était dans une phase « si tu t'approches je te tue », on pouvait dire sans trop de risque que j'avais eu des jours meilleurs... Heureusement les hôtels au Japon étaient assez confortables si on oubliait leurs manques d'insonorisation, et il y avait toujours un petit quelque chose qui attendait sur une table dans la chambre pour souhaiter la bienvenue.
Je vérifiai mes affaires pour l'entraînement de demain puis m'allongeai sur le lit en me baladant sur les réseaux sociaux, bien décidé à me coucher tôt pour supprimer mon jetlag. Mes plans furent quelque peu bousculés lorsque mon lit commença à trembler et les cadres au mur à osciller.
Je me dirigeai sous le bureau avec un soupir en priant pour que la glace ne soit pas affectée pour demain : c'était un petit tremblement de terre comme il y en avait beaucoup au Japon, pas suffisamment forts pour être dangereux mais suffisamment pour fissurer les surfaces fragiles... Je sortis d'ailleurs rapidement et ne pris pas la peine de me réabriter pour les suivantes vu que je savais que le plus gros était passé. Je me rallongeai et fermai les yeux au moment où un bruit de verre brisé me fit sursauter. Ça ne venait pas de chez moi, tout était intact, ça devait être la chambre d'à côté... Yuzu.Je me redressai et tendis l'oreille mais la secousse suivante couvrit ce que j'aurais pu entendre. J'hésitai une fraction de seconde avant de décider d'aller frapper à sa porte : si tout allait bien j'allais clairement me faire jeter, mais au cas où je devais quand même vérifier...
Je sortis dans le couloir et toquai assez fort pour être sûr d'être entendu : rien. Je refrappai avec inquiétude en essayant d'entendre quelque chose à l'intérieur mais de nouveau silence radio...-Yuzu, c'est moi, ouvre s'il te plaît, appelai-je en frappant une troisième fois. Est-ce que ça va ?
Quand une énième secousse légèrement plus forte se fit sentir et qu'un espèce de cri me parvint, mon inquiétude grimpa en flèche et je commençai à tambouriner en paniquant. Personne n'ouvrit et je me précipitai chez Brian un peu plus loin dans le couloir, défonçant presque sa porte.
-Est-ce que tu as un double de clé pour la chambre de Yuzu ?!, lui sautai-je dessus dès qu'il m'ouvrit d'un air fatigué.
-Hein ?...
-Double ! Clé ! Yuzu !-Oui, pourquoi ? Qu'est ce qui se passe ?
-Passe vite !
Ce qui était bien avec Brian c'est qu'il était réactif. Je lui arrachai des mains et me précipitai de nouveau à la chambre que j'ouvris à la volée, laissant mon coach sur le pas de sa porte sans plus d'explication.
Pendant une seconde je ne vis personne avant de remarquer enfin la forme repliée et immobile sous le bureau, ce qui ne m'aida absolument pas à me calmer. Depuis le temps qu'on se cotoyait, je pouvais dire sans exagération que j'avais vu Yuzu dans à peu près tous ses états : je l'avais vu motivé, heureux, fatigué, énervé, même furieux... Mais jamais je ne l'avais vu aussi en détresse. Je claquai la porte et me précipitai là où il était recroquevillé, saisissant au passage son sac où j'espérais trouver son inhalateur. J'avais pensé que peut-être il me repousserait ou demanderait que j'appelle quelqu'un d'autre mais visiblement il n'était pas en état pour penser à ça et il leva des yeux noyés de terreur quand je m'accroupis à côté de lui.
-Ab-abri, hayaku, abri, balbutia-t-il en me tirant à tâtons vers lui en tremblant.
Il était à bout de souffle, respirant laborieusement entre deux sanglots et je me dépêchai de lui trouver l'inhalateur.
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Étreinte (V2)
RandomCe n'est pas facile de gérer sa vie quand on est athlète de haut niveau. C'est encore moins facile quand il faut s'occuper de sa carrière et d'un autre athlète en même temps, sachant que ce dernier n'y met pas forcément de la bonne volonté. Ou : Jav...