Chapitre III

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Avachie dans son canapé, son pied blessé soigneusement déposé sur un coussin, Loïcia fixait son plafond en poussant de longs soupirs. Cela faisait près d'une semaine qu'elle était sortie de l'hôpital et elle s'ennuyait comme un rat mort. Rien dans son appartement ne la distrayait vraiment, et elle n'avait pas le courage de travailler sans pouvoir se déplacer. Dans son esprit, un flot de pensées désordonnées se déversait continuellement. D'ordinaire, le travail occupait chaque seconde de sa vie. Mais à ce moment-là, rien n'y faisait. Elle avait beau essayer de penser à des banalités, tout revenait toujours à son agression. Elle ne dormait plus bien, s'enfermait encore plus que d'habitude. Elle y pensait plus que de raison.
Elle devenait folle. L'agresseur... est-ce que ça pouvait être... Lui ? Depuis le temps, avait-Il été libéré ? Et s' Il voulait la retrouver, se venger ? Après tout, Il a toujours considéré son acte comme quelque chose de normal. Il est détenu en Angleterre... s'Il avait été libéré, aurait-Il eu le droit de quitter le territoire. Il est fou... libère-t-on les fous ?
Cette perspective terrifiait la jeune femme. Des souvenirs terrifiants l'assaillaient de leur violence, tout droit remontés des profondeurs abyssales du passé. Un énième scénario à la fin tragique se déroulait doucement dans son esprit, qui prenait un malin plaisir à spécifier chaque aspect de la scène et à faire des ralentis, des arrêts sur images dignes d'un film d'épouvante. Ainsi, les images s'imprimaient bien dans la rétine de la torturée, qui ne voyait rien d'autre de sa journée. C'était drôle, cette manie qu'avait l'esprit de s'infliger à lui-même les pires pensées. Était-ce normal ? Égoïstement, elle espérait que tout le monde se faisait mal de cette manière. Ça l'aurait rassurée d'en avoir la certitude. Elles se sentait oppressée par le poids du passé, inoubliable et tragique. Elle essayait de se rassurer, de se détendre, mais c'était impossible.

Un tintement familier la sortit de ses pensées. C'était un message, venant d'un numéro qu'elle n'avait pas enregistré. Étrange, chaque personne qu'elle connaissait avait sa place dans son répertoire.

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06 45 1* ** *0

Bonjour Loïcia ! C'est Augustín. Je me permets de te contacter, Melody m'a transmis ton numéro !
Elle m'a dit que tu avais quelque chose à me dire ?

Loïcia lut le message en levant les yeux au ciel. Melody... forcément. Elle prit un certain temps à trouver quoi dire, mais la réponse fut brève.

Bonjour. Melody s'est trompée, je n'ai rien à vous dire. Navrée de vous avoir dérangé. Bonne continuation.

Tu es sûre ?

Évidemment. Melody raconte des sottises. Elle se fait des idées.

À quel sujet ?

Je n'en sais rien, mais je suppose qu'elle pense que ce qui est arrivé nous lie.

Si ça peut te rassurer, je n'ai pas envie d'être lié à toi, de quelque manière que ce soit !

Tant mieux, c'est réciproque.

Ça te dit qu'on recommence depuis le début ?

Il n'y a rien, que voulez-vous recommencer ?

Bonjour, je m'appelle Augustín Pablo Pepito Dalgalarrondo-Inchauspé ! Et vous ?

Tous les chemins mènent à toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant