— Pour un flirt avec toi, je ferai n'importe quoi, pour un flirt avec toi. Je serais prêt à tout, pour un simple rendez-vous. Pour un flirt, avec toi. Pour un petit tour, un petit jour, entre tes bras... pour un petit tour, au petit jour, entre tes bras.
Elizabeth détourna le regard. C'était un message pour qu'il regarde Loïcia. Non, jamais, c'était trop ridicule.
— Je pourrais tout quitter, quitta à faire démodé, pour un flirt avec toi. Je pourrais me damner, pour un seul baiser volé, pour un flirt, avec toi.
Trop tard, son regard avait glissé. Jamais il n'aurait cru que le corps pourrait prendre des décisions sans en avertir le cerveau. L'humain était mal fait. Il aurait aimé détourner le regard, mais il croisa les iris délicates de Loïcia. Rapidement, il ne répondit plus de rien. Il bafouilla, avant de rapidement se concentrer sur ses paroles. Il se précipita un peu pour finir la chanson, en ratant quelques lignes. Merci Michou, mais pas ce soir... avait-il murmuré en s'éloignant près d'Elizabeth.
— Chère madame Chestern, vous êtes une sacrée... Conne, avait-il murmuré d'un ton faussement ravi.
— Il faut bien que tu avances dans la vie et j'ai cru comprendre que tu te la jouais coincé. Alors, me voilà ! Tu ne peux pas nier que je t'ai permis un instant fort en émotion.
Il leva les yeux au ciel. Elle était si fière d'elle. Il se déroba finalement de l'emprise de sa cousine pour rejoindre Loïcia. Il n'avait fait attention qu'à elle depuis le début de cette soirée. Les autres convives, l'hôte elle-même lui semblaient êtres des accessoires bien superflus alors qu'il était en présence de la styliste. Il y avait dans ses gestes, ses sourires, quelque chose de si doux et mystérieux qu'il n'aurait su détourner son attention d'elle.
Loïcia ignorait tout des exaltations poétiques qui se jouaient dans l'esprit perturbé d'Augustin. Elle sentait elle aussi que quelque chose se passait et elle aurait menti en disant que l'interprétation musicale de l'espagnol l'avait laissée indifférente. Le regard qu'il lui avait lancé l'aurait, en temps normal, gênée ? Or, ce soir-là, elle s'était sentie charmée. C'était si fort qu'elle n'arrivait pas à se mentir à elle-même. Il l'avait fait frissonner. La chanson avait tout de ridicule, mais le dialogue silencieux qui s'était installé entre eux l'avait tenue en haleine. Pendant un instant d'égarement, elle avait songé que c'était pour ses beaux yeux qu'il chantait...
— C'était ridicule, heureusement que tu le méritais !
Il l'avait tirée de ses pensées si brusquement qu'elle songea quelque instant que son esprit s'était imaginé cette minuscule scène pour répondre à ses interrogations. Mais non... Il était là, devant elle. Un immense sourire barrait son visage et il ne paraissait pas le moins du monde perturbé par ce qui venait de se passer, lui. Elle rougit, puis balbutia :
— Tu exagères à peine...
— Vraiment pas.
Il afficha un air grave avant de hausser les épaules, indifférent.
— Ca te dit qu'on prenne l'air ?
Loïcia avait soudainement l'impression que la température avait doublé, alors elle fut ravie par cette proposition et l'accepta sans hésiter. Ils sortirent sur l'immense balcon, et marchèrent un peu. Il bruinait. La lune s'était éclipsée pour laisser place à une obscurité dont l'épaisseur était à peine atteinte par la clarté faiblarde réverbères urbains. L'air frais procura aux jeunes gens une douce sensation de retour à la réalité, comme s'ils avaient passés des minutes en apnée, à l'intérieur.
Augustin s'accouda à la balustrade. Un fin sourire donnait à son visage une expression tendre. Ses yeux se perdirent dans le vide, quelque part entre la Terre et les étoiles. Loïcia se posta à ses côtés. Les bras croisés, elle se tenait droite. Même lorsque l'esprit des lieux où elle se trouvait était festif, elle gardait une attitude professionnelle et stricte. Un long et paisible silence s'installa. Le brouhaha de la ville s'était tu, laissant ainsi aux deux parisiens l'occasion de profiter d'un instant hors du temps.
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Tous les chemins mènent à toi
Roman d'amour« Loïcia est une millionnaire trentenaire, renfermée et imperméable aux émotions. Augustín, lui, est un homme fasciné par la nature humaine et le monde de la nuit. Alors, forcément, il ne pouvait pas passer à côté du mystère de cette femme aux yeux...