Melody ne riait plus, Melody ne sortait plus. Depuis quelques temps, elle se faisait plus discrète, et refusait trop souvent les sorties proposées par Betty. Quelque chose n'allait pas, et Loïcia ne pouvait plus l'ignorer. Il fallait qu'elle agisse, son amie l'inquiétait. Elle avait eu une discussion avec Augustín, au sujet de la rousse, et il avait fait comprendre à Loïcia qu'il aurait été lâche d'attendre que Melody fasse le premier pas. Un après-midi, elle prit la décision d'appeler Melody. Enfermée dans son bureau, le regard fixé sur les toitures qui s'étendaient à perte de vue devant elle, elle avait les mains moites. Il fallait qu'elle trouve une chose, aussi ridicule soit-elle, pour apaiser son stress, qui était pathétique. Melody n'allait jamais mal, il était difficile de faire face pour la première fois à sa détresse. Finalement, après un long moment de combat intérieur elle pressa le petit bouton vert.— Allo ?
La voix de Melody semblait tremblotante, et le cœur de Loïcia se serra.
— Bonjour, Melody. Tu vas bien ?
— Bien et toi ?
L'effort pour avoir l'air enjouée était beaucoup trop prononcé pour être réel.
— Justement... Enfin, je vais bien, mais je t'appelle parce que, dernièrement... je trouve que tu as l'air d'aller mal, alors, je voulais te prévenir, que... je suis là, si besoin. Même si je n'en ai pas l'air...
— Loïcia ?
— Oui ?
Quelques secondes s'écoulèrent. Loïcia craignit un instant qu'une mauvaise nouvelle tombe.
— C'est juste que... comment dire ? Dernièrement, je... Tous les jours, je re... réalise que je m'ennuie pas mal. Dans ma vie, je veux dire.
Loïcia fronça les sourcils, et se mit à jouer nerveusement avec un stylo. Quelque chose dans l'intonation de Melody clochait.
— Oh... D'accord.
Évidemment, la blonde n'avait aucune idée de ce qu'elle était supposée dire. C'était dur pour elle de se sentir inutile, alors que son amie avait besoin d'aide.
— Bon... Tu dois avoir du travail, je vais te laisser... conclut Melody face au silence de son amie.
— Non, attends ! s'écria Loïcia. Je sais... enfin, non, mais j'ai une idée. Pour... tenter quelque chose. Tu veux qu'on sorte, ce soir ? Avec Augustín ! C'est un bon antidépresseur, non ?
— Pourquoi pas, oui...
— Bien ! Alors, je viens te chercher pour dix-neuf heures.
Melody confirma, et elle se quittèrent sur une ambiance relativement froide. Pour le reste de la journée, Loïcia réfléchit, se torturant l'esprit en imaginant des scénarios tous plus inquiétants les uns que les autres.
Joe essaya de l'aborder plusieurs fois, lui proposant des cookies ou un jeu de société, mais elle lui lançait des regards qui auraient dissuadé les plus déterminés, alors il décida de la laisser seule. Sa seule occupation fut de prévenir Augustín qu'une soirée était prévue. Il félicita Loïcia pour l'effort, et elle répliqua qu'elle n'avait pas besoin de reconnaissance. Mais, au fond, elle était heureuse de voir que son geste ridicule ait été considéré par quelqu'un.
Après plus d'une heure et demi de préparation, Loïcia était sortie chercher son amie. Comme d'habitude, Joe suivait de près. Melody l'attendait déjà au bas de son immeuble lorsque Loïcia arriva. Cette dernière offrit un petit sourire à son amie, loin de la joie dont elle faisait preuve d'ordinaire. Loïcia remarqua également avec effroi que Melody avait un peu perdu de ses rondeurs si séduisantes.
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Tous les chemins mènent à toi
Romansa« Loïcia est une millionnaire trentenaire, renfermée et imperméable aux émotions. Augustín, lui, est un homme fasciné par la nature humaine et le monde de la nuit. Alors, forcément, il ne pouvait pas passer à côté du mystère de cette femme aux yeux...