Chapitre II pt. 1

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— C'était vraiment ridicule de l'avoir invité, si tu veux mon avis. Mon père a très mal pris de se faire draguer.

— Je me suis amusée, pour une fois. Augustín est gentil et tout est clair entre nous. Je lui ai dit qu'il n'était pas mon genre, il a répliqué qu'il était prêt à satisfaire tous mes désirs quand je le voudrais. C'est juste amical.

— Amical mais pas platonique, répliqua Loïcia en affichant une mine désapprobatrice.

— Ça ne me dérange pas. Tant qu'il me respecte.

— Je suppose. Mais ça ne change rien au fait qu'il soit prétentieux et égocentrique.

Melody haussa les épaules et but une gorgée de thé. Les deux amies se trouvaient dans un café des Champs Élysées. En terrasse, les pâles rayons d'un soleil de mars incitaient les Parisiens à sortir, mais elles préféraient le calme de l'intérieur du commerce.

Elles discutaient de tout et de rien, passant du coq à l'âne avec une fluidité qui leur était propre. Soudain, Melody interrompit Loïcia qui s'était lancée sur un monologue au sujet de Karl Lagerfeld, qu'elle avait rencontré et qu'elle détestait, bien qu'elle fût une grande admiratrice de ses œuvres. La rouquine lut un message et un immense sourire s'étala sur ses lèvres.

— Loïcia, tu me fais confiance ?

— Non.

— On sort ce soir.

— Où ?

— Tu verras.

Dans ce genre de moment, Loïcia en venait à se demander comment elle était devenue amie avec une personne comme Melody. C'était à la fois une bénédiction et un mauvais sort.

La blonde abandonna avant même de commencer à se battre pour en savoir plus.

— Je viens te chercher pour vingt-trois heures, décida Melody en rangeant ses affaires. Merci pour le thé, c'était super. Je retourne travailler.

Loïcia ne prit pas la peine de réagir, embrassa rapidement son amie, et la regarda s'éloigner en finissant sa tasse.

À vingt-deux heures, la blonde était prête. Vêtue d'une courte robe en soie noire, cintrée à la taille, avec des talons hauts rouge mat, elle se sentait à l'aise. Oui, à l'aise... Elle s'était aussi très simplement maquillée, optant pour un rouge à lèvres sombre et un regard brillant. Elle patientait donc en faisant les cent pas dans son appartement. Elle aimait faire ça. C'était sa manière de ne pas s'arrêter de bouger. Lorsqu'elle était enfant, elle s'entraînait à défiler comme cela dans son salon, devant ses parents. Elle l'avait tant fait que c'était devenu un réflexe, une habitude rassurante. En même temps, elle gérait ses réseaux sociaux, qui étaient une partie intégrante de sa profession. Elle était une célèbre mannequin et depuis quelques années, une créatrice de mode de plus en plus reconnue. Alors, forcément, elle se devait d'agir en conséquence sur Internet. Publications Instagram, réponses aux commentaires des fans ravis, partage, échange. Elle faisait tout pour transmettre une image de femme ouverte et chaleureuse. Tous ses admirateurs auraient été bien déçus de constater la réalité, qui était l'exact opposé, d'où l'importance de conserver le secret.

Elle reçut un SMS, une indication de Melody qui attendait en bas de l'immeuble. La jolie blonde descendit rapidement, et entra dans la voiture de son amie, qui l'inspecta plus en détails.

Tous les chemins mènent à toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant