Augustín avait réellement besoin d'un moment d'introspection. Il en était à trois chansons sur elle. La première sur le mystère qui l'entourait, la deuxième sur ses yeux et la dernière sur son rire. Ça en devenait effrayant, d'après Betty qui l'avait insulté de gros con obsédé.
Profitant d'un énième après-midi à ne rien faire, il s'installa sur son canapé. Il fallait qu'il réfléchisse sérieusement à ce qu'elle lui inspirait. Oui, elle était divinement belle. Oui, elle l'attirait. Non, il n'était pas amoureux. Il n'avait pas de preuves réelles, mais il pouvait l'affirmer pour plusieurs raisons : il ne croyait pas au coup de foudre, et en plus, il n'était jamais tombé amoureux. À ses yeux, c'était des arguments valables, et il s'en contentait bien.
Toutefois, il devait pousser son analyse plus loin. Il était évidemment qu'elle éveillait en lui des sensations nouvelles, sinon quoi il ne lui aurait pas organisé cette soirée dans Paris. Il avait beau avoir été touché par la peine de Melody, ce soir là, c'était Loïcia qu'il voulait rendre heureuse. Ce n'était pas super gentil, voire carrément méchant, mais peu lui importait. Peut-être était-ce de cette façon que l'on agissais quand on rencontrait la Muse, personnification d'une source infinie d'inspiration ?Son téléphone se mit à vibrer, coupant court à ce flot de pensées. C'était Janet, sa meilleure amie. Cela faisait presque deux mois qu'il n'avait plus eu de nouvelles. Ce genre de silence était coutumier entre eux. Ils savaient qu'ils tenaient l'un à l'autre, mais ils partaient du principe qu'il n'était pas nécessaire d'entretenir une correspondance régulière pour s'apprécier.
— Je suis dans le taxi pour venir chez toi, annonça-t-elle de but en blanc lorsqu'il décrocha. J'arrive dans cinq minutes.
— D'accord, je sors l'apéro ! À tout de suite !
Il raccrocha rapidement, et sortit toutes sortes d'alcool. Un sourire s'étala sur ses lèvres. Janet avait ce don d'apporter une dose d'imprévu et de folie dans la vie d'Augustín. Il était toujours surpris par sa façon bien à elle qu'elle avait de trouver des activités loufoques mais géniales. Ils étaient idéaux l'un pour l'autre : d'un côté, Augustín offrait à Janet un repère, alors qu'elle était constamment en voyage, et de l'autre, cette dernière lui apportait une relation qu'il ne se sentait pas forcé d'entretenir via des appels tous les jours.
Janet arriva rapidement, et comme d'habitude, son ami fut surpris par son apparence : évidemment, ses joues rondes, son teint des îles, ses yeux sombres pleins de joie et son mètre quatre-vingt dix n'avaient pas changé. Toutefois, elle avait coloré ses cheveux blonds en bleu ciel, ce qui lui donnait une drôle allure. Aux dernières nouvelles, elle avait développé une fascination pour les looks sombres, des cheveux aux orteils, mais c'est vêtue d'une jupe bouffante rose pastel et d'un t-shirt arc-en-ciel qu'elle arriva chez Gus ce soir là. Elle offrit à ce dernier un sourire éclatant, et l'enlaça.
— J'ai eu une idée de génie ! déclara-t-elle en se laissant choir sur le canapé. Une connaissance organise chez elle une soirée Just Dance, ça te dit ?
— Évidemment ! Quand ?
— Ce soir. Ça commence vers vingt heures. Elle vit à Reims, on peut avoir un train à dix-neuf heures quinze. Entre temps, on a deux heures trente pour se mettre à jour l'un sur l'autre.
— Parfait !
Il s'affala aux côtés de son amie, puis commanda les billets de train. Ils débutèrent ensuite une longue conversation, rythmée par des fous rires.
— Comment ça se passe, côté amour ? demanda soudainement Augustín.
— Tu te souviens le mexicain qui m'avait demandée en mariage ? Eh bien, après trois ans de relations à distance, il m'a quittée, m'avouant au passage qu'il avait fait la rencontre d'une femme qui saurait mieux que moi le rendre heureux. Au passage, il m'a annoncé qu'il était Papa. Je l'ai plutôt bien pris, du coup je lui ai envoyé une collection de fientes d'oiseaux par la poste.
Augustín se permit d'éclater de rire, parce qu'il savait bien que son amie prenait tout à la légère. Elle afficha un léger sourire en coin, et demande :
— Et toi ?
— C'est un peu vide, en ce moment. Je veux dire, la dernière opportunité sur laquelle j'ai littéralement sauté, c'est un collègue qui est amoureux de moi. Je crois que j'entre dans une phase de vide sexuel assez nulle, mais ça va passer !
Janet prit quelques secondes pour réfléchir, avant de se redresser subitement.
— Attends... il y a quelqu'un derrière ce coup de mou ?
Augustín haussa les épaules, et détourna le regard sur son verre de bière.
— Seigneur... Gus... t'es amoureux ?
— Non, quand même pas ! T'es folle ou quoi ? Non, absolument pas. Vraiment, vraiment pas.
— Alors, qu'est-ce qui t'arrives ?
— Je suppose que c'est juste cette femme que j'arrive pas à mettre au lit... ça me frustre, mais c'est tout. Je vais la virer de ma vie comme tout le monde et puis ça va aller mieux !
— Il le faut. Toi et moi, on sait bien que ça mène à rien, ces histoires d'amour. Ça serait con de gâcher sa jeunesse pour rien. Tu sais, si j'ai été en couple avec cet Eduardo, c'est parce qu'il aimait bien me faire des gros chèques !
Augustín hocha la tête, mais au fond, il n'était plus aussi convaincu par les arguments que son amie avançait. Il changea de sujet, puis ils se contentèrent de discussions plus légères. Le temps passa rapidement, et c'est avec la volonté de tester ses envies qu'il prit le train.
*
* *Le duo arriva à leur fête légèrement en retard, suite à quelques complications dans le taxi, que Janet avait refusé de payer à cause d'une remarque déplacée. Finalement, ce fut Augustín qui avait calmé le jeu en payant. Son amie avait affiché un air ravi, et ils s'étaient d'érigé vers le lieu des festivités. Ils furent accueillis par une grande blonde aux iris d'émeraude et aux formes refaites mais terriblement sexy. Elle laissa entrer Janet. Puis, avant même d'adresser une formule de politesse à l'intrus, elle le scruta minutieusement, déposant un regard perçant sur son torse, qui était délicatement moulé dans un t-shirt noir des plus simples. Elle parut satisfaite de sa vision, puisqu'elle s'effaça pour le laisser entrer.
— Bienvenue, beau gosse, murmura-t-elle d'un ton langoureux.
Il pénétra dans l'appartement, et réalisa rapidement que les parties de Just Dance étaient la dernière préoccupation de la douzaine d'invités. Le jeu était allumé, mais personne ne semblait vouloir y jouer. Tous étaient plus intéressés par l'alcool ou la drogue. Augustín était ravi de constater que Janet ne s'était pas mise à fréquenter des fêtes trop sages. Après tout, elle était sa dose d'interdit, ainsi que la seule avec qui il se permettait de consommer quelques produits illicites.
La soirée se passa sans accroc. Augustín, fuma, un peu, et rit bien avec quelques inconnus. Ils dansa aussi, avec un peu tout le monde. Il avait le contact facile, mais étonnamment, il était soudainement moins friands de danses sensuelles. L'apparence de ses partenaires n'était pas en cause -Tous étaient très attirants-. C'était juste qu'il n'avait pas envie.Il s'endormit avec une femme dans les bras, mais une certitude s'imposait désormais à lui, après un moment d'intimité qualitativement en dessous de la moyenne : il avait beau avoir les femmes à ses pieds, il ne désirait vraiment que la seule qui semblait déterminée à lui résister.
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Tous les chemins mènent à toi
Lãng mạn« Loïcia est une millionnaire trentenaire, renfermée et imperméable aux émotions. Augustín, lui, est un homme fasciné par la nature humaine et le monde de la nuit. Alors, forcément, il ne pouvait pas passer à côté du mystère de cette femme aux yeux...