Chapitre IX pt. 2

47 12 20
                                    

— Pardon ?

Dans sa surprise, Loïcia avait attiré l'attention de quelques clients, auxquels elle lança un regard glacial. Elle aurait pu rentrer chez elle, fuir le piège de Betty, mais cela aurait signifié retourner auprès de Joe pour le réconforter... non, elle n'y serait pas arrivée. Un restaurant était toujours préférable. Alors, elle rejoignit Augustín, assit à une table assez à l'écart. Tout dans la décoration feutrée et l'ambiance tamisée faisait penser à un rendez-vous amoureux. Augustín, lui, abordait un polo noir assemblé à un jean clair et des baskets des plus banales. Le tout faisait assez soigné pour s'adapter à beaucoup de lieux différents. Elizabeth l'avait fait exprès, c'était certain. Elle était trop organisée pour annuler des repas à la dernière minute, surtout avec ses amis. Elle et son cousin avaient mijoté un plan pour que Loïcia se retrouve seule avec Augustín, mais dans quel but ?

— Bonsoir, Loïcia. Tu es bellisima, ce soir.

— La rime est très mauvaise, et je n'ai pris aucun soin particulier pour me préparer.

— Excuse moi d'être mauvais en poésie, je ne suis pas Baudelaire, répliqua-t-il avec un sourire. Et je me doute bien que tu n'aurais pas pris la peine d'enfiler ta plus belle robe pour moi, tu es tellement... au dessus, ironisa-t-il avec un sourire en coin.

— Tu as totalement raison.

— Tu n'as pas besoin de grand chose pour être magnifique, de toute façon.

     La jeune femme était si habituée à recevoir ce genre de commentaire qu'au final, ils ne lui faisaient plus rien. Augustín comprit rapidement cela en voyant l'air indifférent de la jeune femme. Il n'était pas un grand analyste, mais il lui semblait que Loïcia ne succomberait pas avec de simples compliments. Tant mieux, il avait en réserve un tas de ressources qu'il n'utilisait pas assez avec d'autres femmes plus accessibles.

— Tu ne penses pas que l'ambiance de ce restaurant est... trop ? demanda-t-il.

— Je suis d'accord, oui.

— Eh bien... tu n'es pas bavarde. J'ai hâte que Betty arrive pour détendre l'ambiance.

— Elle ne viendra pas.

     Face à cette révélation, Augustín parut sincèrement surpris.

— Oui, continua Loïcia, elle prétend avoir eu un imprévu de dernière minute.

— Je suis désolé. Je pense qu'elle l'a fait exprès...

— Bravo, quelle déduction. Si tu veux mon avis, votre plan était tout à fait ridicule.

     Augustín fronça les sourcils.

— Loïcia, je t'assure que je n'avais aucune envie de te forcer. Et puis... qu'est-ce qui t'empêche de me fuir ?

     Stupéfaite par la sincérité des propos d'Augustín, la jeune femme lui lança un regard perçant. Ils se regardèrent ainsi pendant de longues secondes. L'imagination d'Augustín se mit à bouillir, alors que Loïcia essayait de réprimer des pensées étranges au sujet des yeux noisettes pétillants de l'homme.

— Tu m'occupes, je n'ai vraiment rien d'autre à faire, prétexta-t-elle.

— Une femme aussi importante que toi trouve le moyen de n'avoir rien à faire ?

— Il faut croire que oui.

— Et si on sortait ?

     Loïcia fronça les sourcils.

— Pourquoi faire ?

— Ne me dis pas que tu as vraiment envie de manger ici ? Imagine qu'on nous propose un menu « duo ». Ce serait vraiment naze, tu ne crois pas ?

Tous les chemins mènent à toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant