Chapitre XIII Pt. 1

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            L'esprit qui tourne en rond, le cœur qui s'emballe. C'était comme un drôle état de manque. Les yeux cherchent la douceur de son visage, les mains réclament une parcelle de sa peau, le nez quémande un effluve de son parfum. Quel visage, quelle peau, quel parfum ?

— Madame, M. Albert est arrivé.

— Faites-le entrer.

            La styliste reprit contenance. M. Albert pénétra dans l'immense bureau. Il prit place face à Loïcia et un long moment d'échange débuta. A l'heure de sortir, un accord commercial était conclu. Le soleil était haut dans le ciel, et Loïcia se sentait toute puissante. Etait-ce le printemps qui avait cet effet bénéfique ? Ou bien était-elle simplement plus heureuse que d'ordinaire ? Elle n'en savait rien.

            Peu importait, elle devait se préparer pour l'anniversaire d'Elizabeth.

*
* *

            Il avait terminé d'écrire la chanson. Le résultat était plus satisfaisant qu'il n'aurait pu l'imaginer. Chaque mot le faisait vibrer, chaque phrase était parfaite. La douceur et la beauté qui ressortaient de ce texte correspondait parfaitement à celle qui l'avait inspiré. Un sourire béat prit place sur les lèvres d'Augustin.

— Monsieur !

            Un élève gesticulait sur sa chaise, le doigt levé. Autour de lui, quelques-uns bavardaient.

— Monsieur, j'ai fini !

            Un coup d'œil à sa montra confirma au professeur qu'il avait laissé dix minutes de trop aux cinquième pour leur contrôle. Et ils étaient là, à le regarder comme s'il venait de faire quelque chose d'étrange... Ils étaient si impressionnables. Il ramassa rapidement les feuille de la classe, puis distribua les questions qui feraient office de devoirs.

            Il voulut passer dans la salle des professeurs avant de rentrer chez lui à treize heures, mais c'était une mauvaise idée. Il y avait trop de chance que Adrien y stationne avec sa meilleure amie pour insulter Gus. Il arriva donc rapidement chez lui. Un café dans les mains, les jambes étalées sur son sofa, il regardait les informations.

            Il était plongé dans le récit d'un journaliste quand soudain, son téléphone sonna. Elizabeth. Pourquoi Elizabeth ?

— J'espère que tu te souviens que je fête mon anniversaire ce soir ?

— Evidemment ! D'ailleurs, je m'en vais me préparer, improvisa-t-il, raccrochant rapidement.

            Il souffla, tapa dans ses mains. Il avait trois heures à tuer avant de commencer à se préparer. Gourde à la main, il s'en alla faire du sport dans la salle à quelques rues de chez lui. Il eut ainsi l'occasion de se vider l'esprit, mais il ressortit de cette séance avec une sensation étrange : pendant quelques minutes, une femme avait couru sur le tapis à coté de lui. Il l'avait regardée de la tête au pied et l'avait trouvée vraiment jolie. Il savait qu'il y avait de cela quelques mois, il l'aurait abordée, mais cette fois, le premier réflexe qui lui était venu avait été de la comparer à Loïcia. Cette coureuse inconnue n'avait ni ses yeux, ni ses lèvres, ni son allure en général. Gus avait trouvé ça très dommage.

            Quand l'air lui avait enfin soufflé au visage, il s'était senti étrangement vide, comme si quelque chose manquait à sa journée. Il devina aisément l'origine de ce manque, mais préféra ne pas s'attarder sur ce point pour le moment.

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            Elle était magnifique. Tout dans son allure respirait le luxe, l'élégance. Ses cheveux étaient tirés en un chignon bas serré, son visage était adouci par un rouge à lèvre rose poudré. Sa robe en soie tombait fluidement sur ses genoux. Ses jambes étaient rallongées par ses talons immenses. Son visage angélique était éclairé par un sourire si doux et délicat qu'Augustín en ressenti la chaleur à plusieurs mètres.

Tous les chemins mènent à toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant