CHAPITRE TROIS

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V I O L E T

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V I O L E T

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Ce garçon m'a souri, je chantonne dans ma tête en traversant la rue. Non. Axel, m'a souri, je me corrige en souriant de plus belle.

Mais ça ne veut rien dire. Jackson aussi me souriait et Jackson a fini par ne plus me sourire. Avant ça, je n'aurais jamais imaginé qu'un sourire puisse faire aussi mal. J'ai mis du temps à lui ouvrir mon cœur et quand je lui en ai donné la clé, il a claqué la porte, ne laissant qu'un vague courant d'air derrière lui.

Mais ce Axel est différent, je le sens à ses sourires qui sont aussi sincères que des sourires puissent l'être. Il ne cherche pas à aller plus loin avec moi, il semble juste vouloir faire preuve de sympathie.

En repensant à la manière dont j'ai appris son prénom, je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est un peu égoïste. Je connais son prénom alors que lui ignore le mien. Ce n'est peut-être qu'une futilité, mais c'est le genre de futilité qui trouve son importance avec moi. J'espère qu'il me le demandera demain. C'est vrai, comment peut-on devenir ami avec quelqu'un si on ignore comme il s'appelle ?

— Violeeeet !

J'ai à peine le temps de pousser le battant de la porte de la boutique de fleurs, qu'une vague de peau me submerge et je manque de me noyer dans l'eau de ses yeux. J'aime observer les yeux des gens parce que c'est par eux que j'entrevois les émotions refoulées au fond de soi. Et la femme d'un âge avancé qui me fait face a des yeux bleus particulièrement pétillants pour une personne dont la jeunesse la quitte à grands pas. Elle semble aussi exténuée quand on perçoit les rides au coin de ses yeux et de ses lèvres, signes qu'elle a dû beaucoup rire.

— B-Bonjour Hortense, je murmure en lui rendant son étreinte.

Outre les sourires et les yeux, une de mes choses préférées au monde, ce sont les câlins. Et la vieille fleuriste l'a vite compris.

— Tiens, prends un gâteau, ma fille, pendant que je m'occupe de la dame.

Sans chercher à discuter, je saisis un gâteau sur le plateau qu'on me tend. Hortense sait que je suis intolérante au lactose et maintenant n'en cuisine que sans. Je sais que j'ai le droit à un traitement de faveur parce que tous les jours, elle n'offre que des tartes aux fraises. Mes préférées.

Elle sirote son éternel thé aux fruits rouges pendant que ses habiles doigts plissent le papier pour emballer les fleurs d'une des clientes.

— B-Bonjour, je la salue par politesse.

— Bonjour, me répond-elle avec un large sourire.

Nous sommes habituées à nous croiser car comme moi, elle vient acheter des fleurs très très souvent. Et bien qu'on sente ma timidité à travers tout le magasin, elle n'a pas peur de parler avec moi de futilités en tous genres. Je dois être une bonne oreille car tous les clients finissent par me raconter les broutilles de leur vie. C'est fascinant d'être témoin de l'ouverture des français. Mais après tout, même à Barrows, j'étais la confidente parfaite – écouter en silence, ne pas juger, s'intéresser aux autres. Mon amie Apolline se plaisait à penser que si j'avais été un personnage de Divergente, j'aurais à coup sûr atterri chez les Altruistes. Ce qui n'est pas pour me déplaire.

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant