CHAPITRE QUINZE

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A X E L

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A X E L

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Je n'ai pas arrêté de penser à Violet aujourd'hui.

Et quand je dis, « pas arrêté », ça veut dire qu'elle a peuplé mes pensées toute la journée, pendant que je servais des cafés, quand j'étudiais Albert Camus et même lorsque grand-mère me racontait sa journée en mangeant nos poireaux au jambon.

Elle ne m'a pas quitté un seul instant.

Son image, agenouillée devant la tombe de sa mère, la souffrance qu'elle tentait de dissimuler sous sa salopette, les larmes qu'elle retenait prisonnières pour se forcer à esquisser un sourire, tout ça est inscrit en moi comme le sont mes tatouages dans ma chair.

La souffrance des autres n'est pas une catharsis. Ce sont des chaînes qui s'enroulent autour de notre cou jusqu'à nous asphyxier.

J'ai aussi beaucoup écrit en début de soirée le temps que grand-mère s'endorme. C'est ma façon de faire face aux émotions qui s'agglutinent en moi et en un sens de les libérer.

Quand les ronflements de grand-mère m'assurent qu'elle dort à poings fermés, je m'extrais de mes couettes pour gagner le salon silencieux. Le parquet couine sous mon poids, mais grand-mère a un sommeil de plomb. Il faudrait qu'une porte claque pour qu'elle émerge, et encore.

Chaussures aux pieds, manteau sur le dos, clés dans la poche, je sors dans Paris. Une ambiance calme m'enveloppe dès que je m'éloigne de l'appartement. Ce soir j'ai la nuit pour couverture, les étoiles pour lumière, le silence pour compagnon.

Il n'est pas rare que je sorte dehors en plein milieu de la nuit pour pallier à mes insomnies. C'est un peu aussi pour ça que le réveil est si difficile le matin. Avoir trois ou quatre heures de sommeil par nuit, ça finit par peser sur nous. Sachant que je ne me souviens plus de quand date ma dernière nuit complète, ça en dit long sur mon état de fatigue mentale et physique.

Mais je tiens bon. Et je profite des moments d'apaisement que je peux voler par-ci, par-là.

J'erre dans les rues, sur les ponts et finis sur les quais. J'aime regarder la Seine la nuit, la lumière de la lune qui se réverbère dans l'eau, le calme qui s'en dégage. Le réconfort, c'est la sensation que je recherche.

De rares promeneurs nocturnes marchent dans Paris. Certains sont éméchés, d'autres perdus ou insomniaques. On ne se salue pas, tout le monde est dans sa bulle et se préserve de l'influence extérieure.

Soudain, une personne se détache de la masse noire de la nuit et des passants sans identité. Elle est assise sur un mur, un carnet posé sur les genoux, la tête penchée sur ses feuilles de façon à laisser la lumière des lampadaires guider son crayons.

Est-ce que c'est elle ?

Oui, c'est elle.

Dès qu'il s'agit de Violet, nous nous retrouvons face à de sacrées coïncidences. Nous nous croisons par hasard sans arrêt, nos âmes ne font que se rencontrer et nos cœurs battent à l'unisson, sur une même mélodie. De telles coïncidences que j'en viens à me demander si nous n'étions pas destinés à nous rencontrer. Peut-être avons-nous été mis sur un même chemin pour nous aider.

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant