CHAPITRE CINQ

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V I O L E T

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V I O L E T

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 — Violet Asawa. Pourquoi ne suis-je plus étonné de te voir un samedi après-midi alors que tout le monde profite des jours de liberté ?

Peut-être parce que je viens aux Beaux-Arts presque tous les week-ends ? Je pense que si l'école était ouverte le dimanche, je viendrais encore. Mais aujourd'hui je n'ai rien de mieux à faire. Papa se repose à l'appartement avant son voyage, Kumo doit dormir à ses pieds et je n'ai pas vraiment d'ami avec qui sortir. Les plantes sont des compagnons fidèles, mais quand on leur fait la discussion en public, on attire tous les regards. Et ce n'est pas ma chose préférée.

— Je vais finir par croire que tu as flashé sur ton professeur d'art appliqué.

— Vous... Vous voulez que je vous prenne en photo ?

Il rit, comme si ma remarque était idiote. Je me rembrunis. Je déteste qu'on se moque de moi, particulièrement quand ça concerne des lacunes de connaissance. L'éducation s'acquiert avec le temps, personne ne connaît tout sur tout.

— Non, Violet. Flasher c'est avoir... Comment vous dites ça vous déjà les jeunes ? Un crush ?

Il est en train de me demander si je suis amoureuse de lui ? Je ne comprends pas.

— Mais je crois que tu as déjà un crush sur quelqu'un, je me trompe ?

Il désigne mon carné posé sur un chevalet inutilisé, ouvert sur la page que je regardais tout à l'heure. Je m'empourpre à la vue du dessin qu'il me montre.

— Un... Un crush ? Je... Non... Enfin...

— Pas la peine de te justifier, les sentiments, ça ne se commande pas. Ça s'accepte, c'est tout.

— C'est... C'est juste le garçon qui me sert mon chocolat chaud le matin.

— Il est beau garçon. Je suis jaloux.

Si flasher veut dire avoir un crush sur quelqu'un, alors je n'ai pas « flashé » sur ce Axel. Il ne connaît même pas mon nom. Et puis, comment peut-on ressentir des sentiments à l'égard d'une personne qui ignore tout de nous et dont on ignore tout ? On ne peut pas, tout simplement.

— Qu'est-ce que tu peins aujourd'hui ? s'enquiert mon professeur pour combler le silence assourdissant qui a envahi la pièce.

— Je... Je pensais à une rivière de fleurs qui... qui s'écoule d'une tombe. Je... Je viens de commencer.

Cette idée me trotte en tête depuis un petit moment déjà mais je n'avais pas encore réussi à mettre les mots dessus avant aujourd'hui.

Je tourne ma toile pour qu'il puisse voir ce dont je parle. Pendant qu'il observe les esquisses grises qui commencent à se remplir de couleurs, je m'essuie le front avec le dos de ma main. La peinture séchée racle ma peau, mais je suis comme anesthésiée quand je peins, donc je ne ressens rien.

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant