CHAPITRE QUARANTE-DEUX

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A X E L

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A X E L

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Deux semaines se sont écoulées depuis la venue de mon père. Deux semaines pendant lesquelles je n'ai pas échangé un seul mot avec grand-mère. J'excelle dans ce domaine et elle est du genre très butée. Donc, chaque jour qui passe nous nous terrons un peu plus dans un silence qui ne peut être rompu.

Maintenant, le sang de mes poings abîmés a fait des croûtes au niveau des os de ma main. Mes doigts sont toujours un peu douloureux, mais ça commence à devenir supportable quand j'écris. Au moins, la douleur est là pour me rappeler que l'incident avec mon père est bien arrivé, que je ressens toujours et que je ne me suis pas effondré.

— Je-Je t'ai fait un câlin dans une tasse au cas où tu te sentirais triste, me dit Violet en me tendant un mug de café.

Avec elle, impossible que je m'effondre. Aussitôt que la pensée effleure mon esprit, elle meurt, attaquée par les ondes positives de Violet.

— Merci, Vio.

Je laisse le breuvage tout brûlant me réchauffer de l'intérieur.

Je squatte un peu chez Violet en ce moment. Tant que son père ne me met pas dehors, je reviens avec elle ici tous les jours. En même temps, il est occupé à préparer son nouveau voyage imminent.

Quand je viens chez elle, elle me fait du café et je lui apporte des pains au chocolat sans lactose. Ou des fraises maintenant que c'est la pleine saison. Violet adore les fraises. Et j'adore qu'elle adore les fraises.

Est-ce que je me transforme en guimauve chaque fois que je suis avec elle ?

Oui.

Et je l'assume. Violet transformerait le plus gros dur-à-cuire en guimauve.

— Comment tu te sens par rapport au départ de ton père ? je lui demande après avoir pris une nouvelle gorgée de café.

Comme on peut s'en douter, Violet est une personne très sensible. Elle vit très mal le départ des gens qu'elle aime, même pour une courte durée. Le verbe « partir » a été banni de son vocabulaire quand sa mère est décédée.

Du coup, quand son père part en voyage pour son travail, j'essaie de la rassurer au mieux. La questionner pour qu'elle me livre ses peurs, ses doutes, ses douleurs, permet peut-être de rendre les choses moins difficiles. La préparer ne résoudra pas le problème, mais si ça peut l'aider un peu, j'en suis heureux.

— Pour l'instant ça... ça va. Enfin, je... je crois ?

Elle s'est arrêtée de peindre pour me regarder.

— C'est surtout le... le jour J et les heures juste avant et... et juste après que c'est difficile.

J'imagine bien. Déjà une semaine avant, elle commence à stresser. Violet, elle est du genre à essayer de le masquer en souriant encore plus, mais elle ne me leurre plus. A force de la côtoyer, j'ai appris à lire tous ses sourires et à distinguer ceux qui sont forcés.

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant