CHAPITRE VINGT-CINQ

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V I O L E T

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V I O L E T

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L'homme est une œuvre en cours d'élaboration faite de morceaux inachevés – une âme abîmée, une peau déchirée, un cœur fissuré, un esprit brisé.

Les artistes manient les pièces fendues de cette création vivante pour la réparer, modèlent les fragments cassés pour les compléter, sculptent les débris meurtris pour en faire des chefs-d'œuvre.

Ainsi, parfois, il y a des gens qui ont été construits parfaitement mais qui resteront des œuvres inachevées. Et parfois il y a des gens qui sont déchirés de partout mais qui sont de vrais chefs-d'œuvre.

Axel est un chef-d'oeuvre.

C'est une certitude qui me heurte en plein cœur quand je contemple les tableaux du musée d'art. Il mériterait qu'on capture son essence, ce qui fait qu'il est une aussi belle personne, et qu'on le peigne pour que le monde puisse profiter de la personne extraordinaire qu'il est.

Si tout le monde était un Axel, le monde vivrait en paix, j'en suis certaine. L'univers a besoin de personnes qui sourient sans y être obligées, qui aident les autres sans qu'on le leur ai demandé, qui diffusent de la joie dans le cœur des autres, qui permettent au monde de grandir et s'épanouir.

Alors que je suis supposée dessiner les statues, tout ce qui vient à mes doigts c'est son sourire, ses lunettes, ses boucles brunes et ses yeux couleur du ciel d'été.

— Alors, Violet Asawa, toujours pas flashé sur ce garçon ?

Je relève la tête et croise leur regard appuyé de monsieur Torcoletti. Depuis son coin, il observe ses étudiants éparpillés dans la salle, avec un coup d'œil particulier pour moi et mon travail puisque je suis la plus proche.

— Je... Je ne...

— Ne te fatigue pas, j'ai vu comme il te regarde quand il vient te chercher le soir.

Il me regarde comment ?

— Il te regarde comme ton père regardait ta mère, reprend mon professeur, comme s'il avait saisi ma question muette.

Ses paroles sont lourdes de sens car mes parents se sont aimés au premier regard. Ils ont cependant passé des années avant de comprendre la nature de ce qu'ils ressentaient.

Axel et moi c'est différent. On s'apprécie – je crois qu'on s'apprécie beaucoup –, mais c'est tout. J'aime bien quand il est près de moi, j'attends mon chocolat chaud avec impatience le matin, mais on ne s'aime pas comme papa et maman s'aimaient.

Enfin, je ne pense pas ? Pas encore.

— Ta mère était obnubilée par ton père. Il n'y en avait que pour « son futur banquier ». J'ai essayé d'attirer son attention, mais ses crayons ne dessinaient que son visage et ses lèvres ne prononçaient que son nom.

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant