CHAPITRE QUARANTE-SIX

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A X E L

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A X E L

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Bien que l'écriture soit ma manière de respirer, bien que la lecture reste mon activité favorite, je me suis découvert une nouvelle passion : me réveiller le matin aux côtés de Violet.

Quand son père est en voyage, nous avons établi notre routine. Je lui apprends à cuisiner le soir, nous passons la soirée ensemble à jouer à des jeux de société, à se lire des livres ou à regarder des films. Et généralement, nous nous endormons dans le canapé. Le lendemain matin, pour faire plaisir à Violet, je conçois à me lever aux aurores pour regarder le soleil. Puis, nous nous recouchons pour n'émerger que bien plus tard dans la matinée.

Et parfois, nous ne nous recouchons pas. Nous restons juste là, devant le spectacle aussi merveilleux qu'éphémère qu'est le lever du soleil, à contempler la lumière peignant petit à petit le ciel avec ses pinceaux, comme dirait Violet.

Aujourd'hui est un jour comme celui-là.

Nous avons repeint l'appartement de Violer toute la semaine et on peut dire que qu'il est enfin terminé. Alors, pour nous récompenser, nous émergeons tout doucement de la brume du sommeil.

— Axel ? Tu... Tu viens voir le soleil se... se lever avec moi ?

Bien que Violet soit réveillée depuis de longues minutes, elle n'a pas bougé du lit. Le dos contre le matelas, son bras gauche contre le mien, le regard sans doute fixé sur l'obscurité du plafond, elle demeure ainsi, aussi figée qu'une statue parfaitement taillée.

Pour toute réponse, je lui presse la main. Il me faut plus de temps qu'à Violet pour que mon organisme s'éveille, y compris ma voix rauque portant encore les restants de notre nuit notre courte.

Violet ne se le fait pas redire, avec son énergie habituelle – c'est-à-dire qu'elle sautille avec un enthousiasme qui m'étonnera toujours –, elle allume sa lampe de chevet et se fraie un passage parmi les pinceaux jusqu'à la fenêtre.

En la voyant lutter pour lever ses volets manuellement, je prends sur moi pour résister à l'envie de l'aider. Violet, elle aime tout faire par elle-même, même lorsque c'est difficile.

Surtout lorsque c'est difficile.

Par exemple, pour attraper les dosettes de café rangées tout en haut des meubles de sa cuisine, elle continue à se tenir en équilibre sur la pointe des pieds sur une chaise.

Mais c'est le propre de Violet.

— On... On va le rater ! gémit-elle en revenant sur ses pas pour me tirer hors du lit. Alleeeez, viens !

— J'arrive !

Non sans difficultés, je m'extrais des couettes portant encore notre chaleur corporelle. J'ai beau enfiler mon pull avant de passer sur le balcon, la brise fraîche parisienne me griffe la peau quand je me positionne à côté de Violet.

Elle aussi grelotte. Mais la température basse ne refroidit pas l'humeur de Violet. Elle pourrait surfer sur un iceberg, elle serait aussi chaude que le soleil à l'intérieur.

— Le... Le soleil va nous réchauffer.

— J'espère. Enfin, sinon, je peux être ton soleil.

Les yeux de Violet brillent autant que son sourire étincelle quand elle se tourne vers moi.

— Je... Je veux bien que tu sois mon... mon soleil !

Je suis faible quand je vois l'expression de Violet aussi vivante qu'une fleur ayant tout juste éclose, aussi naïve qu'un enfant n'ayant pas été confronté aux réalités douloureuses de la vie, aussi douce qu'un nounours en guimauve qui fond sur la langue.

Violet est tout ça et bien plus à la fois. Violet est un soleil. Violet est la vie. Violet est l'art. Violet est un ovni. Violet est unique. Violet est juste Violet.

Et c'est pour ça que je l'aime.

Alors que le ciel s'illumine à l'horizon, je lâche les barreaux métalliques du balcon pour entourer les épaules de Violet avec mes bras. J'aime la sentir contre moi, j'aime sentir son odeur de lavande, j'aime comment nos corps s'emboîtent bien l'un avec l'autre.

Si je m'en tiens au soupir de contentement qu'elle pousse, je suppose qu'elle doit penser la même chose.

— C'est... C'est beau, tu ne trouves pas ? me demande-t-elle, le regard perdu quelque part dans l'horizon, sur un point qu'elle seule voit.

— Quoi ? La vue ? Oui, c'est vrai qu'elle est magnifique.

Violet a raison, être témoin du chef-d'œuvre réalisé par le soleil, teintant le ciel de couleurs, c'est extraordinaire.

— Je... Je parlais de... de la vie.

La tête penchée vers moi, Violet plante son regard si saisissant dans le mien. Ses yeux aux couleurs automnales sont aussi précieux que la vie qu'elle seule semble capable de percevoir. Ils abritent une magie en voie de disparition. Une magie que je donnerais tout pour protéger.

— La vie aussi est magnifique, oui, j'opine en appuyant mon menton dans les cheveux de Violet.

Je marque une pause en regardant le ciel avec elle.

— Mais tu es encore plus magnifique, je lui murmure à l'oreille.

S'il y a une chose qui n'a pas changée depuis que j'ai rencontré Violet, c'est la teinte écarlate que prennent ses joues lorsqu'on la complimente. Elle est à croquer quand elle rougit. C'est comme si elle se transformait en un croissant sortant tout juste du four.

Mais Violet n'est pas un croissant. Si elle devait être une métaphore, elle serait une fleur, car telle une fleur, elle a grandi, s'est renforcée, et a finalement éclos. Violet est la plus belle fleur que j'aie jamais vue. Et pourtant je suis habitué à en côtoyer dans la boutique de grand-mère.

— On... On devrait établir des jours fériés juste pour regarder le lever du soleil et... et s'allonger dans un parc et regarder la nature et... et juste profiter de la vie.

— On devrait surtout créer plus de Violet pour qu'elles puissent rencontrer plein d'Axel et qu'ils soient heureux ensemble, je déclare en fermant mes paupières pour savourer l'instant présent.

J'ignore si elle s'en rend compte, mais Violet m'a beaucoup aidé dans mon cheminement intérieur. Je crois que je l'ai un peu aidée à éclore aussi. Disons que nous avons arrosé nos graines pour permettre à nos plantes de pousser fortes et résistantes.

Oui, on s'est bien trouvés tous les deux.

— Axel ? Je... Je crois que je suis tombée amoureuse de la vie.

— Et moi je crois que je suis tombé amoureux de l'amoureuse de la vie.

Je trouve que ça nous résume bien : deux romantiques désespérés tombés amoureux de la vie, de ses plaisirs fugaces et du futur qu'elle promet de nous offrir.

Et quelque part sur le chemin, j'ignore exactement où, quand et comment, mais nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre.

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Voilàààà les amiiiiis, c'est finiiiiii.

Vous y croyez ? Pas moi ahah.

Bon, ce n'est pas totalement parce qu'il reste l'épilogue que je posterai vendredi (il fait grandement écho au prologue, vous verrez).

Alors ce dernier (court) chapitre ? Vous trouvez qu'il termine bien ce livre ou vous imaginiez quelque chose de différent ?

A vos claviers, je veux savoir tout sur vos ressentis. <3

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant