CHAPITRE TRENTE-TROIS

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V I O L E T

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V I O L E T

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 Je ne peux pas le faire.

Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas.

Comment puis-je participer à un concours de peinture si je n'arrive même pas à demander son avis à papa ou à en parler à maman quand je lui rends visite le matin ?

« Accomplis quelque chose de génial aujourd'hui ».

La citation au-dessus de ma porte résonne encore et encore dans ma cage thoracique, comme une mélodie trop bruyante qui fait vibrer mes organes vitaux.

Comment est-on censé accomplir quelque chose de génial quand on a l'impression que notre tête se fait piétiner, que nos organes vont exploser, que notre cœur se brise en mille morceaux ?

Quand j'ai senti la crise d'angoisse m'étreindre la poitrine, je me suis enfermée dans la salle de bains pour la dissimuler à papa. Il a assez de problèmes à gérer avec son travail sans que je lui en rajoute.

Ma respiration est forte, si forte que mes poumons manquent de se déverser par ma bouche. Mes jambes tremblent tellement que je suis forcée de me laisser tomber au sol contre les carreaux froids. Et là, les genoux ramenés contre ma poitrine pour former une bulle protectrice, je ne peux qu'attendre que ça passe. Pour peu que la crise daigne bien s'en aller.

— Violet, ma chérie ? Tu es toujours dans la salle de bains ?

A l'entente de la voix de mon père qui détruit le silence de l'appartement, les battements de mon cœur qui commençaient à retrouver un rythme normal se remettent à battre trop fort, trop vite, trop douloureusement.

— Tu... Tu en as besoin ? je renifle en essuyant mon nez avec ma manche.

— Non. C'est toi que j'ai besoin de voir.

Non. Il n'a pas envie de me voir dans cet état. Je le sais.

Pourtant, face à mon absence de réponse, il toque de plus belle. Sa voix est douce malgré son ton un peu rauque et tranchant. Il essaie de la contrôler, mais dans ma tête, elle résonne plus fort que des milliers de tambours. Je suis obligée de me boucher les oreilles pour arrêter le sang qui pulse dans ma tête.

— Tu veux bien sortir ?

Non, je ne veux pas.

Mais je le dois. Si papa veut me parler, c'est que ça doit être important, sinon il aurait attendu que je repasse par le salon.

Après m'être aspergé le visage d'eau froide pour atténuer la rougeur de mes joues et le gonflement de mes yeux, je vais ouvrir la porte. Par précaution et parce que je me sens plus en sécurité dans la bulle que forme la salle de bains, je reste à l'intérieur.

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant