CHAPITRE TRENTE-HUIT

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A X E L

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A X E L

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La mélodie la plus douloureuse n'est pas celle des os qui craquent, ni celle des cris qui déchirent le silence. La mélodie la plus douloureuse, c'est le bruit d'un cœur qui explose.

Tout ce que j'entends après avoir abattu mon poing sur le mur derrière moi au lieu de l'abaisser sur le visage de mon père, c'est l'écho de mon cœur parti en fumée. L'entend-il lui aussi ? Ou ne discerne-t-il que le bruit des larmes que je ravale, les cris de souffrance bloqués dans ma gorge, l'égouttement de mon sang qui se déverse sur le plancher au même rythme que la vie quitte mon corps ?

Je ne sais plus si c'est le monde qui tournoie autour de moi ou si c'est moi qui tangue. Un peu des deux, sans doute.

— Axel...

— Ne fais pas ça ! J'ai dit ne fais pas ça !

Mes mains tremblent quand je les porte à ma tête. Je voudrais que le monde arrête de tourner, que la douleur s'évapore, que lui disparaisse. Je voudrais me réveiller en sueur dans mon lit et chasser les derniers vestiges de mon cauchemars à coups d'eau glacée.

Mais ce n'est pas un cauchemar.

A côté de nous, grand-mère ne parvient plus à retenir ses sanglots face à mon père démuni, mon poing abîmé et la haine qui se déverse dans l'appartement. Elle aura beau déposer autant de cristaux qu'elle veut, jamais ma rage ne faiblira. Jamais.

— Je vais le redemander une fois. Une fois et après je te fous dehors. Qu'est-ce que tu fais ici ?

Ma voix ne tremble pas, elle est aussi ferme qu'un bloc de glace, aussi tranchante que la lame d'un couteau aiguisé, aussi hargneuse que les aboiements d'un chien enragé.

Pourtant, à cause des décharges qui remontent de mes doigts jusqu'à mon cerveau, elle devrait trembler. Mais je ne ressens pas la douleur extérieure, trop focalisé sur une souffrance ancrée au fond de moi. Mes poings sont annihilés alors que ce sont mes sentiments que je voudrais pouvoir anesthésier.

La vie est parfois ingrate. Souvent, même.

— Je suis venu te demander pardon, Axel. Pour tout ce que je t'ai fait.

Il faut que j'utilise toute ma force intérieure pour ne pas lui rire au nez.

— Me demander pardon ? je répète nerveusement. C'est un peu tard pour ça, papa.

Il semble blessé par le ton que j'emploie.

Pour une fois, je le comprends. C'est douloureux de se sentir rejeté par la personne par laquelle vous voudriez le plus être aimé. Je l'ai appris à mes dépens.

— Axel, s'il te plaît, écoute-le.

Les supplications de grand-mère ne servent à rien. Les larmes qu'elle verse pour lui sont gâchées. Jusqu'à ses derniers instants, celui qui se dit être mon père continuera à pourrir la vie des autres. J'aurais dû m'y attendre.

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant