CHAPITRE DIX-SEPT

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A X E L

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A X E L

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 — Grand-mère ? Tu es prête ?

En passant ma tête par la porte de la boutique, je la découvre sans surprise en train d'emballer des fleurs. Je vérifie ma montre pour être sûr que je ne suis pas en avance, mais c'est bien ce que je me disais : c'est elle qui est en retard. La ponctualité, c'est un mot qui ne fait pas partie du dictionnaire de grand-mère.

— C'est déjà l'heure ? s'étonne-t-elle avec une mine innocente. Tu sais, si tu ne m'avais pas cassé cette montre...

— C'est même plus que l'heure, je la coupe pour éviter qu'elle ne me raconte la même histoire depuis cinq ans. On est presque en retard.

— OK, mon garçon. J'arrive tout de suite !

Avec sa vivacité habituelle, elle enlève son tablier, s'essuie les mains et martèle le sol avec ses chaussures compensées. Comme je le fais souvent quand je m'apprête à m'adresser aux gens, grand-mère se racle la gorge. Puis, elle se lance :

— Bonjour, bonjour admirables clients de ma merveilleuse boutique. Je réclame votre aimable attention pour deux minuscules petites minutes. Aujourd'hui, la petite Violet mène une exposition dans Paris et donc je compte aller la soutenir. Je vous demanderai donc de cesser vos discussions, vos hésitations et tout le tralala et de passer en caisse parce qu'en ce lundi après-midi, j'annonce officiellement la fermeture exceptionnelle de la boutique !

Certains clients bougonnent mais ils s'exécutent. Grand-mère est ce type de personne autoritaire qui sait se faire respecter sans être agressive. Un vrai modèle.

— Et j'ajouterais que ceux qui ont l'intelligence d'esprit d'aller admirer ses œuvres encore plus merveilleuses que cette boutique, bénéficieront de dix pourcents sur leur prochain achat !

Je dois la fixer avec étonnement parce qu'elle se met à me crier des justifications à travers la boutique :

— Ben quoi, je vais supporter cette adorable gosse. Il faut employer les grands moyens !

Je ris face à sa jovialité contagieuse. Violet est un soleil pétillant, le soleil qui se lève le matin, prêt à affronter la journée qui se dessine à l'horizon. Grand-mère aussi est un soleil. Mais un soleil nocturne, le soleil qui se couche le soir, prêt à aller dormir.

Mon rire ne s'est pas encore dissipé lorsque nous arrivons à proximité du pont où Violet entrepose ses toiles. Marcher avec grand-mère dans la rue qui se permet de faire des remarques hilarantes aux passants, c'est bien mieux qu'une thérapie.

Si Violet ne m'avait pas envoyé l'adresse exacte de son exposition temporaire, j'aurais pu deviner être arrivé au bon endroit rien qu'en apercevant la foule qui s'agglutine autour de son petit étalage. Des tableaux sont entreposés sur cinq bon mètres et les gens observent les œuvres de mon amie avec un mélange de curiosité et de respect. La même lueur brillera dans mes yeux lorsque je découvrirai ses tableaux, quelques instants plus tard.

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant