En vie d'elle / Sneazzy [TERMINÉ]

75. Sneazzy

Je savais que c'était pas bien, chaque minute au studio me faisait culpabiliser. Mais il manquait si peu pour finir mon album.

J essayait au maximum d être là pour ma petite famille, ce dont j'ai toujours rêvé. Et je vais les mettre bien.

En plus May est encore épuisée par l accouchement et par le stress de la sécurité et du bien être de nos bébés.

Je rentre et j'entends le rire de ma femme résonner.

Elle est dans le salon, me tournant le dos et faisant face à nos petits bouts.

- On dira rien à papa. Au pire je dirai c'est la faute de tonton Ken. Puis vous allez pas me trahir hein ?

Qu'est ce qu'elle complote encore ?

- Qu est ce qu'ils ne doivent pas me répéter ? Faut pas écouter maman, faut toujours tout dire à papa.

En m approchant j aperçois des fringues et des jouets encore dans le sac d enseignes.

D accord je vois mieux le délire.

Isaac semble bien se contre foutre de ce qu'il se passe alors que Assia nous joue le numéro de charme de grands sourires.

-Bah oui, c’est vrai que papa c’est un con qui va pas se rendre compte qu’il va y avoir un trou dans le compte commun! Bah oui mon coeur, hein papa c’est un con?, questionnais je Assia d’une voix gaga.

-Parle pas comme ça !, me reprit May-Lhine.

-Tu comptais vraiment me cacher les fringues ?, lui demandais je.

-Mais bien sûr que non mon amour.

Je leva les yeux en l’air. Elle me prend vraiment pour un con des fois.

-Allez, fais pas la gueule.

-Je déteste quand tu fais ca.

-Je ferai plus.

Sans répondre je me dirigea vers la cuisine, prendre un verre d’eau.

-Viens ici.

-Putain dis moi s’il te plaît quand même merde.

Je lui disais toujours comme ça et elle détestait ça, et je détestait quand elle me le faisait mais je continuais de lui dire.

-Je pensais, faudrait peut être qu’on s’occupe de notre mariage non?

-Tu te sens prêt?

-Pas toi?

-Si bien sur, juste c’est un gros événement.

-Bah si on s’en occupe pas oui c’est sûr ça va être un gros événement.

Elle me fait chier.
Je suis sûr qu’elle ne veut pas s’engager mais qu’elle n’arrive pas à me le dire, alors du coup bah elle attend patiemment sans rien faire.
Et ça me gave.
J’ai l’impression qu’elle m’aime sans m’aimer.
Toujours à me repousser dans mes retranchements et finir par me dire que je pique encore des crises.
Alors que non, elle est seule responsable de ces crises, puisqu’elle me cherche constamment.

Je décide de ne pas m’attarder sur ça et sur elle, et je pars dans le salon chercher Assia et Isaac pour le prendre avec moi dans le studio.
Je dois bosser un peu.
J’ai pris énormément de retard pour mon album, et j’ai du mal à le gérer ce retard.

-Tu peux couper le son de la télé et fermer ta gueule histoire que je me concentre s’teu plaît?

Quelques secondes plus tard la porte d’entrée claqua violemment.
Fait chier elle a réveillé les gosses.
Toujours obligée de foutre la merde.
Je sais pas ce qu’elle a dans le cul en ce moment, et c’est sûrement pas ma bite.
D’ailleurs ça fait plusieurs semaines qu’on a pas couché ensemble.
C’est peut être ça le fond du problème.
Elle veut baiser.
Non mais parce qu’habituellement madame est une obsédée du cul et là bam, rien.
C’est bien trop bizarre.

D’ailleurs là elle vient de se casser sans se préoccuper de nos enfants.
Super. Quelle mère et fiancée exemplaire.

Une larme ruissela le long de la joue.
Je suis putain de pathétique a l’heure actuelle.
On dirait que je me sens obligé de rejeter la faute sur ma femme juste parce que j’ai du mal à accepter l’idée que je suis devenu papa et que j’ai tellement putain de peur de ne pas assurer.
Comme mon père.

Même si je le déteste, du plus haut point qu’il est permis, je me demande si je ne devrais pas le prévenir.
Il est devenu grand père quand même et puis comme ça il se rendrait compte que je vaut tellement mieux que lui.

J’envoya un message à May-Lhine même si on se parle plus, c’est pas grave, c’est ma femme et nos gosses, elle doit me soutenir.

Je sais bien qu’elle ne me répondra pas mais c’est pas grave, moi au moins j’ai fais un pas en avant.
Je fis donc un rapide tour sur mon téléphone.
Notamment les réseaux sociaux.
Erreur.
Grosse erreur.
Énorme erreur.
ÉNORMISSIME ERREUR. 
Madame avait mit une story.
Une pièce de lingerie.
Gniagniagnia « new collection ».
Le pire n’était pas qu’elle mettait sa nouvelle collection en story sans m’en avoir parlé ou montré, c’est que madame était là mannequin de sa propre collection.
Donc elle montrait son corps sur les réseaux. Non pas que je sois un extrémiste mari qui ne veut pas que sa femme se montre sur les réseaux, juste que ma jalousie me faisait perdre beaucoup de confiance en moi, ce qui est en soi assez dégradant.
Elle me rend putain de fou.
Et je la déteste autant que je l’aime.
Et putain je l’aime comme un fou.
Alors je laisse imaginer à quel point je la déteste.

Assia se met à chialer.
Ses larmes et ses cris ne m’aident pas à deviner se qu’elle veut.
Elle a mangé y’a une demie heure et est propre.
Je passe ma tête au dessus de son berceau et ses pleure s’arrêtent instantanément.
La porte d’entrée claque, et les pleurs de ma fille recommencent, ainsi que ceux d’Isaac.

May-Lhine m’emmerde.
Une larme perle le long de ma joue. Une nouvelle fois.
Je sais pas si c’est être père qui me rend comme ça là, mais c’est clairement pas habituel venant de moi.
Je chiale pas pour un rien habituellement, et dans le bon cliché du mec, je suis pas une pédale pour chialer à chaque fois que je suis contrarié. Ou que ma putain de femme me contrarie.
Je me ressaisis et essuie la larme de bouffon sur ma joue.

-On fait quoi?

-Quoi?

-Regarde tes messages., lui demandais-je poliment.

Elle regarda, pendant plus de temps que simplement pour lire.
Elle réfléchissait.
Mais je veux qu’elle réfléchisse plus vite.

-Toi qu’est ce que tu veux vraiment?

-Je ne sais pas.

-Si tu sais. Si tu te poses la question c’est qu’au fond t’as déjà la réponse.

Je la regarda longuement sans parler. Sûrement plus de 2minutes.
Elle avait cette capacité à élucider un problème d’une simplicité et d’une légèreté impressionnante.

-Merci.

J’allais retourner dans le studio, mais je me retourna une nouvelle fois.

-C’est pas pour autant que je te pardonne de jouer avec ma jalousie.

Cette fois-ci je retourna dans le studio histoire d’être tranquille.
Je pris mon téléphone.
Il est temps d’affronter une plus dure réalité.