Rome

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Et le postfacier explique la présence étrange de Rome, dernière des nouvelles de Petersbourg, parce que les cyprès, les pains parasol, les marches de marbre du Quirinal, les colonnes solitaires et fantomatiques, sous le clair de lune, du forum romain, tout cela représenterait le salut. Encore un terme vague, et pour expliquer quoi? Comme depuis le début il n'est question que de peintres, le bleu azur du ciel de Rome s'oppose au brouillard et au ciel neigeux de Petersbourg. Ainsi le peintre dépérit et se consume de désespoir face à la neige, absence de couleur si difficile à saisir, et revivrai devant l'ocre des façades et le vert émeraude des pins parasols de Rome. C'est oublier que les architectes de Saint Petersbourg furent ceux de Rome, que les façades du Palais dHiver sont vert amende et que les façades de la ville de Pierre le Grand offrent au ciel d'hiver toutes les teintes d'ocre. Il faut dire encore que la nouvelle se passe à Paris autant qu'à Rome et cela est passé sous silence. Les deux capitales sont mises en opposition de même que les caractères Français et italien. Est-ce le salut ou la perte que fait naître l'indolence? Nous suivons Stendhal et ses promenades dans Rome. Mais à Rome plus que partout ailleurs le vertige de l'histoire est un mirage. L'histoire dépasse l'homme et c'est toujours pour lui une construction intellectuelle. Plus que la nature qui est si proche de ses sens et de lui, il ne la voit que par l'image toujours fausse qui lui a été servie par des âmes soucieuses de leur intérêt et de lui faire prendre des vessies pour des lanternes. Le salut vraiment? Il est dans le froid et la neige qui vous parlent de survie, sur la mer en furies et pas dans les ruelles sombres du Sud, dans les ruelles de Rome parcourues par des hommes en soutane, des chauffeurs en casquette et des domestiques qui reviennent du marché pour préparer le repas sophistiqué de leur maître, dans cette ville qui sent l'intrigue, l'argent d'une religion puissante qui n'a pas renoncé à tirer les ficelles du monde.

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