~ A la tienne ! ~

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« Je m'ennuie...

- Et bien jettes-toi par la fenêtre, ça t'occupera.

- Hahaha. Non mais sérieusement Boris, t'es pas drôle !

- Je sais. »

Boris et Azilis étaient avachis sur le lit de cette dernière et réfléchissaient à une activité susceptible de les divertir. Enfin, surtout Azilis parce que Boris, lui, ne semblait jamais intéressé par rien.

« Et si on sortait de la boucle, proposa la jeune fille.

- Pour que Miss Ramier nous démonte pièces par pièces quand on rentrera ? Très peu pour moi.

- Oh, mais si tu n'es pas content de ce que je propose, monsieur Raynal, tu n'as qu'à te charger toi-même de nous trouver quelque chose d'intéressant à faire !

- Je ne sais pas mais il n'y a pas besoin d'aller si loin pour s'amuser.

- Qu'est-ce que tu entends par là ?

Il lui adressa un sourire énigmatique.

- Viens avec moi. »

***

Le garçon la conduisit à travers les rues bruyantes du Paris de 1703 jusqu'à une taverne située dans un quartier populaire. A cette heure-ci, elle était pleine à craquer de travailleurs venus se rincer le gosier sur leur pause du midi. Les deux enfants profitèrent de l'agitation pour s'approcher discrètement du comptoir.

Comme le barman étant occupé à servir un groupe de clients déjà bien arrosés, il leur envoya sa fille pour prendre leur commande. La pauvre faillit défaillir en apercevant Boris. Elle ouvrit et referma la bouche à plusieurs reprises comme un poisson rouge.

Lorsqu'elle eu reprit contenance, elle s'avança à leur rencontre en forçant son déhanché et en bombant le torse pour bien faire ressortir sa poitrine. Azilis posa une main sur sa bouche pour ne pas que l'autre la vit rire.

« Alors, que puis-je faire pour vous ? leur demanda-t-elle en plantant son regard dans celui de Boris.

La fille devait avoir dans les quinze ans. Elle avait de banals cheveux marrons et un nez légèrement tordu sur le côté. On ne pouvait pas dire qu'elle était spécialement jolie dans sa robe simple des filles du peuple.

- Deux bouteilles de ton meilleur vin, répondit Boris en ignorant délibérément ses tentatives de séduction.

- Pas de problème, je vous fais ça tout de suite mais... es-tu sûr que c'est tout ce que tu veux ?

En disant cela, la fille du barman se pencha sensuellement en avant et enroula une mèche de cheveux autour de son index.

- Oui je t'assure : rien d'autre ne vaut le coup dans le coin. »

Il jeta un regard significatif à son décolleté plongeant et sourit narquoisement. Apparemment, il s'amusait beaucoup de son petit manège. La fille par contre, semblait vexée. Elle se détourna vivement et alla chercher leur commande. Boris adressa un clin d'œil entendu à son amie et lui chuchota :

« C'était encore plus simple que je ne m'y attendais. »

La jeune tavernière revint à cet instant et posa deux bouteilles remplies d'un liquide ambré sur le comptoir d'un geste brusque. Elle s'apprêtait à encaisser les pièces qu'Azilis lui tendait quand son père surgit derrière elle.

« Marie, ne me dis pas que tu allais leur vendre ça !

- Et pourquoi pas ? Ils ont de quoi payer, je ne vois pas où est le problème.

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