Quiet love

Chapitre 37

Le concours régional de saut approche. L'entrainement de notre équipe s'intensifie jour après jour avec Cruella. Malgré les récentes confidences émouvantes de Mell et surtout la confiance qu'il m'accorde en faisant de moi l'unique détentrice de son secret, je décide de maintenir ma concentration au top. La qualification est primordiale pour la suite des compétions de l'année. Je me force à isoler mes problèmes sentimentaux. Cette semaine je mets mon cerveau en pause et  me concentre sur le concours :  pas de Mell ni de Martin pour l'instant. 

Pourtant, ils envahissent mes rêves ou plutôt mes cauchemars. Depuis une semaine, je ne réponds à aucun de leur message respectif. Martin se montre assez compréhensif car il sait l'enjeu que représente une compétition sportive. Il respecte mon silence. Mell ne m'envoit plus que des points d'interrogation. Notre semaine de cours a été réaménagée et j'ai pu ainsi évité de rester bloquée dans une salle de classe avec lui. Il aurait fallu que je réponde à ses questions mais je n'arrive toujours pas à me décider à quitter Martin. Ma culpabilité atteint son plus haut niveau et Alwena n'arrange rien en me reprochant mon égoïsme. 

Le week end, je m'accorde une bulle de relaxation. Je prends des bains à l'arnica et lavande pendant deux jours. Je déconnecte en coupant mon téléphone. Ma mère se moque gentillement en m'appelant "Lisa L'ermitte". Je n'aperçois Simon qu'en coup de vent pour lui remettre son argent de la vente des tickets de sa soirée rugby. Il insiste pour que j'y assiste. Je me laisse convaincre toute perdue que je suis dans ma zen attitude.

Le concours a lieu Samedi et Dimanche prochain. De retour au lycée, je décide de rester focus toute la semaine. Rien ne me pertubera. Je continue ma politique de l'autruche. Je garde la tête dans le trou. Je bloque mon cerveau sur la case compétition et ferme la porte "urgence décision Mell ou Martin". Toutes les Secondes pro equitation sont dispensés de cours Jeudi et Vendredi. Le jeudi est réservé à l'entraînement. Nous concurrons en équipe et en individuel. "Cruella" est sur les nerfs. Elle nous fait sauter des parcours très serrés. Je suis exténuée à la fin de la journée. Le vendredi matin nous préparons le matériel pour le déplacement et notre campement de base. Je me repose tout le reste de l'après-midi. Alwena m'a à peine adressée la parole cette semaine. Elle me fait clairement la tête. Katia semble perturbée par la situation. Elle essaye de nous réconcilier à plusieurs reprises mais visiblement Alwena ne supporte pas mon incertitude. Toutes ses tentatives échouent. Au moment de choisir celles avec qui je partage ma tente pour le week end je pense à Alwena. Nous pourrions ainsi "enterrer la hache de guerre". Hermine, Nina et Cléa ont déjà choisi une tente pour toutes les trois. Je lui propose donc:
- Alwé ça te dit on prend une tente juste toutes les deux.

Elle répond très froidement :
- Si tu veux.

Je nous inscris sur le listing en espérant de tout mon coeur que cela nous permette de nous réconcilier.

Le lendemain, dès six heures du matin, les yeux encore plein de sommeil et transis de froid nous embarquons les chevaux dans les vans attribués à chaque équipe du lycée. En arrivant sur le site, plus personne ne tient en place. Notre excitation est contagieuse. Nous devons marcher au moins une heure à la longe avec nos chevaux pour faire descendre la pression. Je passe mon premier tour cet après-midi à quinze heures. J'ai tout installé avec Alwena toujours aussi boudeuse. Prince dispose d'un box super propre et parait apprécié la botte de foin à sa disposition. Je reste à m'occuper de lui. Le stress commence à monter. A quatorze heures, tout est près, je chouchoute Prince.

Je m'apprête à partir faire ma reconnaissance du parcours en individuel. En sortant du box, arrive tout droit vers moi Martin souriant. Il ne manque plus que ça. Je suis au bord du malaise. Il s'approche et je lui demande automatiquement :
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Je reste paralysée sur place.

Il me répond surpris par mon ton agressif :

- Alwena m'a appelé pour me dire que tu avais besoin de moi.

Je n'ai même pas le temps de lui répondre que j'entends derrière moi :
- Surprise !
Katia marche vers moi accompagnée de Neil et Mell.

La tempête dans ma tête m'empêche de réagir à la scène cauchemardesque à laquelle je suis impuissante. Le haut parleur annonce que la reconnaissance va démarrer dans moins d'une minute et que tous les concurrents sont attendus dans la carrière centrale.