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La tête baissée, le regard sur le parquet de la salle dédiée à la peinture, Jungkook zigzaguait entre les toiles portées par leur chevalet de bois. L'odeur de peinture fraîche lui chatouillait les narines pendant qu'il s'installait sur un tabouret. Qu'est-ce qu'il aimait cette odeur, elle lui rappelait son passé, son présent mais représentait aussi son futur.

Il était le premier à arriver dans la salle, comme souvent. Il était 8h tapante et au lieu de rester dans la cours avant que les cours ne commencent, le châtain préférait s'installer directement. Aucun bruit ne se faisait entendre, c'était un matin calme, Jungkook aimait ce silence.

Il leva les yeux, son regard se posa d'abord sur la toile en face de lui puis sur le socle un peu plus loin, au centre de la pièce où venait poser le modèle - vivant ou non - puis sur les murs remplis d'affiches d'événements reliés à l'art.

Les grandes mains du jeune homme, religieusement posées sur ses cuisses, tremblaient légèrement. Les seules fois où elles ne tremblaient pas, c'était quand leur possesseur peint. C'était l'unique moment où il était en paix avec lui-même, où il aimait ce qu'il faisait, qu'il savait pourquoi il se levait chaque matin, pourquoi il était en vie.

Jungkook avait toujours été un prodige à l'école, dans n'importe quel domaine. Il était doué en sport, en maths, en langues, en histoire, dans chaque matière il était le premier de sa classe : un vrai surdoué. Cependant le châtain n'avait jamais vraiment apprécié ces domaines même s'il en était bon, il avait toujours depuis son plus jeune âge aimé l'art et c'était bien là sa seule passion et son seul passe-temps. Mais s'il y avait bien une seule chose où le fils Jeon ne réussissait pas, c'était socialement.

Effectivement le jeune homme avait toujours eu l'habitude et le plaisir de rester à l'écart. Il ne jouait pas avec les autres enfants, il préfèrait dessiner, peindre, sculpter la terre. Les relations n'étaient pas son point fort, il était très timide et allait toujours écourter les discussions avec quiconque qui veuille parler avec lui.

Cependant cela ne voulait pas dire que Jungkook n'était pas chaleureux bien au contraire. Il avait toujours été débordant de générosité, de bravoure, de gentillesse, peut-être un peu trop. Ses parents étaient fiers de lui sur tous les points, ils savaient mieux que personne que leur fils unique possédait d'innombrables qualités et que ses défauts étaient tout simplement des charmes qui faisaient de lui une personne à part entière.

Soudain pendant que Jungkook pensait tout en regardant sa toile, le cliquetis de la porte le fit sursauter. La porte s'entrouvra pour laisser apparaître une jeune femme. Le regard du châtain glissa sur ses converses rouges montantes puis le long de ses longues jambes fines et élancée recouverte d'un jean bleu foncé, ses yeux continuèrent leur route le long du corps de la jeune femme pour enfin atteindre son visage.

Jungkook remit le col de sa chemise blanche par réflexe en regardant timidement la nouvelle arrivée.

- Excuse-moi, je suis bien en salle B114 ? Une jeune femme aux longs cheveux couleur ébène se dressa devant lui, elle affichait un léger sourire, un magnifique sourire.

Jungkook hocha timidement de la tête et sans un mot la jeune femme s'installa, après lui avoir offert une expression tendre, un peu plus loin devant. Elle sortait son matériel, en ne prêtant plus attention au seul jeune homme de la salle. Alors Jungkook admirait la vue qu'il avait de sa position. Il ne quittait pas des yeux la jeune femme. Il observait ses cheveux couleur nuit, qui glissaient comme une cascade sur ses fines épaules. Elle ressemblait à une image, quelque chose d'irréel, de trop beau pour être vrai, la métaphore d'un paysage, l'incarnation d'un poème d'amour ou encore une peinture. Jungkook avait envie de la peindre à son tour, une envie qu'il devait contenir sous son plexus encore un peu. C'était bien la première fois qu'il ressentait un tel désir de peindre pour une personne, il avait l'habitude de choisir des paysages qu'il représentait à sa manière. Comme si l'aura que cette brune partageait avait ensorcelé le châtain.



Un peintre et sa muse, j.jkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant