Les aventures de Charlie

Chapitre 16

Le lendemain, je décidai de profiter de ce dernier jour aux Etats-Unis afin d'acheter quelques fringues, et souvenirs pour mes amis à Londres.
Anna, ma meilleure amie et accessoirement colloc' me détesterait si j'oubliais de lui ramener quelque chose.
Accompagnée de Sarina, nous fîmes les magasins, mais je n'avais qu'une envie : m'enfouir sous ma couette, dans mon appartement à Londres.
Nous étions chez Marc Jacobs, et Sarina m'interpella :
- Tu crois que ce pull irait à Jack ?
Je jetai un furtif coup d'oeil à la pièce qu'elle me montrait.
- En noir il serait mieux.
- Hmm. T'as raison. Et... Pour Nate, tu veux quelque chose ?
- Il a des tonnes de fringues ! C'est bien la dernière chose dont il a besoin.
- Vous êtes ensemble ? me demanda-t-elle, curieuse.
- Plus ou moins, éludai-je.
- En tout cas, moi j'ai bien vu qu'il te dévorait du regard !
- Peut-être. Bon, je paye la robe et on y va. Je n'en peux plus de ces centres commerciaux.
- D'accord. On rejoint les garçons à l'aéroport.
Nous payâmes nos articles, et quittâmes la Water Tower pour l'aéroport O'Hare. Bien sûr, hors de question pour nous de prendre un vol commercial. Interpol avait à sa disposition des avions privés, luxueux et calmes. Dieu merci.
Parfois, je me demandais si je pourrais un jour quitter mes fonctions, et tous les avantages qu'elles comprenaient.
Non, je ne pourrais décemment pas me réadapter à une vie normale.
Nous nous faufilâmes à travers la foule des terminaux bondés, et passâmes par un portique intitulé "International Guests". Nous arrivâmes dans les bureaux privés des dirigeants des compagnies, et parvînmes enfin à retrouver les garçons au lounge. Ils étaient tellement occupés à jouer au nouveau GTA qu'ils ne nous remarquèrent pas.
Sarina décida de les énerver.
- Ce Tom était vraiment charmant, n'est-ce pas Charlie ? lança-t-elle bien fort.
Je jouai le jeu.
- Il avait de ces muscles !
Nate et Jack se retournèrent instantanément.
- C'est qui cet idiot encore ?
- Oui, qui est-ce ?
Nous pouffâmes de rire.
- Un des mannequins Abercrombie qui nous a prêté beaucoup plus d'attention que vous, répondit Sarina.
Jack se leva et vint l'enlacer.
- Mais, toi tu as ton mannequin personnel, petite chanceuse ! objecta Jack.
Ces deux-là étaient insupportables.
Nate se leva à son tour et passa un bras autour de mes épaules.
- Une partie ? me demanda-t-il
- Pourquoi pas, souris-je.
Il déposa un baiser sur mon front et murmura :
- On est bientôt à la maison.
J'allai m'asseoir sur le canapé en cuir du lounge et m'emparai de la manette de Jack. Je m'aperçus que ses performances étaient médiocres et lui lançai :
- J'vais remonter le niveau, sale loser !
- Fais-toi plaisir, marmonna-t-il tandis qu'il couvrait Sarina de baisers.
Gênée, je détournai la tête et Nate lança la partie.
Nous passâmes la soirée à jouer, à somnoler, et à nous gaver des snacks à notre disposition.
Je m'étais endormie sur l'épaule de Nate lorsque celui-ci m'interpella :
- C'est l'heure, ma belle.
Je me levai et me trainai péniblement jusqu'à l'embarcation. Il était presque minuit et demi, et j'avais cruellement besoin de sommeil. L'équipe de l'avion nous souhaita la bienvenue et nous épargna toutes les autres formalités. Accompagnée de Nate, je pris place dans les sièges du fond de l'appareil. Nate s'installa en face de moi, et je fermai les yeux afin de m'endormir.
Mon repos fût de courte durée, puisque deux minutes plus tard j'entendis de l'agitation. Interloquée, j'ouvris les yeux et cherchai la raison de cette perturbation.
Quelques secondes plus tard, je compris que cela venait de l'entrée de l'avion, où deux jeunes hommes argumentaient auprès de l'équipage.
- On est d'Interpol ! Putain, on doit prendre ce vol avec vous, on est déjà très en retard !
- Vous n'êtes pas enregistrés, nous ne pouvons pas vous accepter, répondit l'hôtesse, imperturbable.
À côté de nous, Jack ouvrit un oeil et se leva pour régler le problème. Dès qu'il apperçut les garçons, il s'écria :
- Brad ! Peter !
Visiblement, il les connaissait.
- Dieu merci, Jack ! Peux-tu expliquer à cette dame qu'on doit retourner de toute urgence à Londres ? demanda le brun.
Jack jeta un regard à la femme et déclara posément :
- Je les connais, ils sont avec nous. Il n'y a pas de problème.
-Hmm.
Elle abdiqua et les laissa entrer.
Nate et moi nous regardâmes, interloqués.
Jack et les dénommés Peter et Brad s'avancèrent au fond de l'avion et Jack fit les présentations.
- Nate, Charlie, Sarina, voici Peter et Bradley. Ils étaient en mission à la frontière canadienne depuis quoi, deux ans ? demanda-t-il en les regardant.
Peter, qui était le blond, acquiessa. Brad prit la parole :
- En fait, on a enchaîné les longues missions, ce qui fait qu'on a pas dû se croiser au QG.
Peter enchaîna :
- Mais on est de retour ! Le duo de choc prêt à enflammer Londres !
- Comment est-ce que vous vous connaissez ? demandai-je à Jack.
- J'ai entraîné ces deux gonzesses, quand ils ont été recrutés, plaisanta Jack.
Sarina leur sourit chaleureusement, et déclara :
- Ravie de vous connaître ! On rentre tout juste de mission nous aussi. Installez-vous !

Les deux garçons ne semblaient pas beaucoup plus âgés que nous. Peut-être la vingtaine, tout au plus.
Peter et Brad vinrent s'asseoir en face de Nate et moi et commencèrent à discuter avec lui. Parfois, ils me jetaient quelques regards furtifs mais n'osaient pas me déranger dans ma contemplation du paysage sinistre de l'aéroport. Je finis par m'endormir, mon esprit dénué de toute pensée.

Lorsque j'ouvris les yeux, il faisait encore nuit, et d'après le tableau de bord, nous étions au milieu de l'Atlantique. Nate dormait paisiblement, et Peter ronflait en face de moi. Seul Brad était éveillé, et tout en m'étirant, je lui demandai à voix basse :
- T'arrives pas à dormir ?
- Visiblement pas.
Je lui lançai un regard compatissant.
- Tu veux aller à l'avant, pour qu'on puisse discuter ? demanda-t-il
-