Chapitre 12.

1K 156 48
                                    

Lorsque nous arrivons au manoir, Aglaopé s'éclipse aussitôt, l'air de n'avoir qu'une seule envie, se prélasser dans un des bassins mis à disposition dans la salle principale. J'en aurais bien fait de même. La mer me manque. Pourtant, je n'ai pas vraiment l'énergie de passer du temps en compagnie des autres sirènes. Je veux bien les défendre envers et contre tout mais ne m'en demandez pas plus. Je sais qu'elles sont toutes plus dangereuses qu'une meute de louves affamées mais je ne compte pas me lier d'amitié avec toutes. Qu'elles restent mes sœurs de par ce lien divin. Pas plus.

En entrant dans ma chambre, je tombe sur Seth, étudiant des dossiers d'enquêtes. Il est vrai que nous partageons encore et toujours la même chambre mais seule sa présence parvient à me calmer et m'apaiser quelque peu...

Ses sourcils froncés et ses traits sérieux ne ternissent en rien la beauté humaine de son visage. Je me mords la lèvre inférieure avant de secouer la tête. Si j'ai étouffé ma soif de sang, il n'en est rien pour mon désir. Cependant... Pas Seth. Bon sang, il me faut vite ramener Poséidon où je vais exploser. Je ne compte pas me réserver qu'à lui cependant, je dois d'abord le libérer et je ne ferai rien tant que ça ne sera pas le cas. Et puis, ce n'est pas le moment de penser à ça !

Silencieusement, je m'approche et me penche par dessus son épaule. Le document parle d'une famille retrouvée vidée de son sang en Italie. La fille aînée est portée disparu. Je la reconnais cependant à sa chevelure flamboyante et son sourire innocent sur la photo qui lui a été transmise.

« C'est la petite rousse qu'Aglaopé a ramené d'Italie !

Mon protecteur lève les yeux sur moi et esquisse une moue.

- C'est elle qui les a tué ?

Je hoche affirmativement la tête avant de préciser :

- La transformation nécessite de boire du sang. D'une manière ou d'une autre. Ça n'aurait pas du arriver avant ces dix-huit ans cependant. Une conséquence de la disparition de Poséidon.

- Tu ne me facilites décidément pas la tâche... murmure-t-il en secouant doucement la tête et de reprend : tuer sa propre famille pour se métamorphoser ? Il y avait d'autres manières tout de même !

- Tant que tu ne le vis pas, tu ne peux pas comprendre, Seth. Et puis, ça n'était que ses parents adoptifs puisqu'elle est une sirène. Elle vivait avec eux depuis seulement cinq ans.

Peut être que le fait d'avoir décimer mon village entière, à commencer par celle qui m'avait recueillie influe pour beaucoup sur mon discours mais jamais je n'estimerai avoir tort. Pourtant Seth semble en totale contradiction avec mes paroles et argue :

- Adoptifs ou non, c'était sa famille. Tout ceux qui se sont occupés de jeunes sirènes sans le savoir n'étaient pas comme ta matrone.

Je me retourne, prête à répliquer vivement mais ma voix meurt dans ma gorge. Une douleur fulgurante déchire mon être. J'écarquille des yeux, le souffle coupé et me plie en deux brusquement. Insupportable ! Mes doigts se crispent contre le rebord de la table tandis que je regarde, effarée, des plaies s'ouvrir sur mon corps entier lentement. Mon sang se met à ruisseler et une intense brûlure se fait ressentir. Toutes les blessures que j'ai pu me faire au court de ma vie apparaissent, douloureusement, toutes à la fois. Insoutenable. Faites que ça s'arrête ! Je déglutis et ce geste provoque une nouvelle salve de douleur. Prenant une grande inspiration, mes yeux rivés sur le plafond, je lutte pour ne pas gémir tant mon corps en souffre. À côté de ça, la douleur qui accompagne l'apparition du symbole sur mon front n'est rien. Que tout cesse, je vous en prie ! Si je pouvais faire disparaître la souffrance là, sur le champ, je le ferais. Sans hésiter. Rien ne m'avait jamais autant fait mal... Intolérable.
Lorsqu'enfin tout cesse, que mon corps entier se retrouve lacéré de plaies, je me redresse comme je peux en grimaçant de douleur et me tourne vers Seth qui a l'air totalement paniqué et semble hésiter à me toucher. Je tremble un peu, peinant à maîtriser mes membres, mais je finis par souffler :

Mélusine 3 - Chant dangereuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant