Chapitre 11.

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Les grondements furieux de mon ventre doivent s'entendre dans tout le manoir. Heureusement que je m'autorise encore à aller chasser sinon je serais morte de faim d'ici demain. Morte... ou folle. Et la folie me guettant déjà, je préférerai ne pas tenter le diable – et que celui-ci aille se faire voir ! J'en ai déjà eu assez d'une fois. Nouveau grondement. La situation semble amuser Seth, assis tranquillement dans un canapé sur lequel je repose également. Je préfère attendre la nuit pour me mettre en chasse, ne serait-ce que pour profiter de la fraîcheur et de l'obscurité que nous offre celle ci. En attendant mon estomac semble décidé à exprimer sa faim à loisir et mon protecteur à tirer sur la corde de ma patience à force de me jeter des regards moqueurs.

Bellérophon entre alors dans le salon, particulièrement de bonne humeur. Sa bonhomie m'irrite aussitôt et je bascule la tête en arrière avant de lâcher une bordée de juron. Ce qui semble l'amuser. Alors que Seth me donne un léger coup de coude dans les côtes pour que je me redresse, le héro remarque :

« Ça n'est pas très poli tout cela.

- Ta piste était foireuse Bel.

Il ne fait pas attention au surnom que je me suis appropriée et rétorque :

- Nous avons trouvé le livre.

- Et il s'est enflammé dans mes mains. Tu trouves ça normal ?

Le brun ouvre la bouche mais je l'interromps :

- Non, ne réponds pas, ça risquerait de me pousser à faire des choses inconsidérées.

- Comme ?

- T'arracher le cœur.

Un sourire goguenard étire ses lèvres et il m'adresse un clin d'œil plein de sous-entendus.

- Pas besoin de me l'arracher, je veux bien te le donner si en échange tu me laissés voir le tien de plus près.

- Idiot.

Seth se penche et me souffle à l'oreille :

- Je t'ai connue plus inventive en matière de surnom.

Ne pas les étriper, ne pas les étriper... Une bonne preuve que la folie n'est pas encore présente : ils sont tout deux encore en vie. Bellérophon s'assoit à son tour sur le canapé mais à l'autre extrémité. Il étend alors ses jambes et les pose sur mes cuisses le plus naturellement du monde. Je ne bronche même pas – ça ne servirait à rien – tandis qu'il prend ses aises, croisant ses bras derrière sa tête qu'il repose sur l'accoudoir. Avec nonchalance, il s'exclame, les yeux mi-clos :

- Alors, chers compagnons, que faites-vous de beau en cette douce soirée ?

J'échange un regard avec l'humain à mes côtés qui répond d'un ton toujours égal :

- Nous attendons que la lune veuille bien se lever et le soleil se coucher.

- Ça ne devrait pas tarder.

- Élémentairement mon cher Watson !

Un fugace instant l'incompréhension se lit sur le visage du héro qui n'a, à priori, pas compris la référence de Seth. Ce dernier fronce des sourcils, et d'un ton hésitant, propose :

- Sherlock Holmes ?

- Connais-pas. grommelle Bel.

J'interromps leur débat culturel d'une râlerie :

- Ce n'est pas bientôt fini, oui ?

Comme pour ponctuer ma phrase, mon ventre se met à gargouiller allégrement ce qui m'arrache un soupire. Vivement que la chasse commence où l'un de nous trois y passera ce soir. Et ça ne sera pas moi. Mais comme si son but dans l'immortalité était de m'agacer plus que tout, le héro ricane :

Mélusine 3 - Chant dangereuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant