Le soûlard du coin

PARTIE 9

C'était l'approche de la rentrée et NDEW était trop excité à l'idée d'aller à l'école. Elle était déjà à l'école coranique et travaillait bien là-bas. Son grand père devait venir une semaine avant la rentrée mais personne ne voulait parler de sa venue car tata DIARRA ne voulait pas de cela. D'ailleurs, il n'y avait pas de photo de tonton ABDOU KARIM dans la maison et depuis que ma mère a vu sa photo dans le téléphone de ma femme, elle a changé. Elle disait tout le temps qu'elle voulait rentrer chez elle mais je disais niet, elle ne quittera pas la maison. Elle simulait tout le temps des maladies et à chaque fois le docteur disait qu'elle n'avait rien. Avec tata DIARRA c'était plus comme avant. Je ne comprenais rien et MARIAMA aussi mais on ne disait rien.

C'était un vendredi soir que le père de MARIAMA devait venir. Son vol a eu du retard et il est arrivé vers trois heures du matin. Tout le monde dormait sauf ma femme et moi et c'est nous qui sommes allés à l'aéroport pour le récupérer. MARIAMA était vraiment contente. Son père était devenu tout mince comparé à ses photos que j'ai vues. La maladie n'est l'ami de personne.

Le lendemain matin, on était tous, sauf tonton, autour du tabla pour prendre notre petit déjeuner vers dix heures. Tonton ABDOU KARIM nous y a rejoint quelques minutes plus tard. Il a dit bonjour avec son faible sourire et ma mère qui revenait de la cuisine avec la carafe à jus a abandonné l'objet qui s'est cassé aussitôt en criant le nom de tonton KARIM. On a tous pris peur et on s'est levé. Tonton qui fixait ma mère depuis un bon moment venait de prononcer son nom.

Ma mère : Donc je ne m'étais pas trompé

Tata DIARRA : Vous allez nous dire ce qui se passe ici ?

Ma mère pleurait de vives larmes. Je me suis rapproché d'elle lui demandant de se calmer et nous éclaircir concernant la situation.

Tonton : Je pense que NDEW n'est pas en mesure de vous parler. Je vais le faire. Lorsque j'étais étudiant, on m'avait affecté à l'université GASTON BERGER de SAINT6LOUIS.N'ayant pas de famille là-bas, un ami de mon père a décidé de m'accueillir chez lui et cet ami n'est autre que ton grand père IBRAHIMA ; c'est là-bas que j'ai rencontré ta mère. On a entretenu une relation amoureuse en cachette. Je n'ai passé qu'une seule année là-bas. Par la suite, je suis parti en FRANCE grâce aux pré-inscriptions à l'étranger. J'ai parlé à NDEW lui disant qu'on ne pouvait plus continuer à être ensemble parce-que je ne suis pas fait pour des relations à distance et elle a accepté sans broncher. Depuis lors, je ne l'ai plus revu ni entendu jusqu'aujourd'hui. C'est juste ça ;

Ma mère : Juste ça. Rire. Laisse- moi te faire savoir qu'après m'avoir pris ma virginité je suis tombée enceinte. Trois mois après j'en ai informé à ma mère qui n'a pas tardé à le dire à mon père. Ce dernier m'a foutu dehors à la merci de la rue parce-que je ne voulais pas dire qui est le responsable de ma grossesse. Toute ma famille m'a rejeté disant que j'étais une honte pour la famille. C'est la maman de ma défunte meilleure amie qui m'a hébergé chez elle et a pris soin de moi et de mon bébé. Mon père ne voulait rien savoir de moi et jusqu'à sa mort je n'ai pas réussi à obtenir son pardon. Trois mois après la naissance de mon fils, j'étais obligée de chercher du travail parce-que j'étais devenue une charge pour cette famille et le père de mon ami me l'a bien fait comprendre. Sept mois après, je suis venue à DAKAR avec le peu de sou qui me restait pour me lancer à l'aventure. J'ai abandonné mes études à cause de toi alors que j'étais toujours devant en classe. Mon père était fier de moi et ma mère voyait en moi une grande juriste ; ce que je ne suis pas devenue à cause de toi. A cause de ses quelques minutes aux quelles je me suis offerte à toi, tu as gâché ma vie et pas uniquement la mienne mais celles de toutes ces personnes ici présentes.

Moi : Maman où est mon frère ?

Ma mère : Tu n'as pas de frère IBRAHIMA et cet enfant dont je parle depuis tout à l'heure n'est personne d'autre que toi.