Le soûlard du coin

PARTIE9

CHEIKH TIDIANE : Quand je suis rentré chez moi la première chose que j'ai fait c'est de jeter les résultats en pleine figure à KATRINE. Quand elle a ouvert l'enveloppe, elle a commencé à me demander pardon en pleurant. C'est là que je me suis rendu compte qu'elle savait déjà qu'elle était malade et qu'elle a fait exprès de me transmettre la maladie. J'ai commencé à la frapper violemment avec toute la rage qui m'animait avant de sortir de la maison. Maman demandait des explications mais en ce moment je ne voulais qu'une seule chose à savoir la frapper elle aussi parce que c'est elle qui est l'unique responsable de mes malheurs. Ce jour-là j'avais quitté la maison et je parcourrai bar par bar, boîte de nuit par boîte de nuit. Je ne pourrai dire combien de bouteilles j'ai épuisé ce jour-là.
Je ne suis rentré de chez moi qu'au petit matin et quand je suis arrivé j'ai trouvé maman qui pleurait de chaudes larmes au salon. Lorsque je lui ai demandé ce qui se passait elle m'a tendu un papier qui n'était d'autre qu'une plainte de la part de KATRINE pour violence conjugale. J'ai écopé deux années de prison ferme à cause des coups que j'ai donné à KATRINE qui avait disparu dans la nature. Je ne l'ai plus revu depuis le jour où je lui ai servi ces coups qu'elle a bien mérité.
A peine avais-je commencé à purger ma peine maman est venue me rendre visite en prison pour me demander une somme de dix millions pour aller, selon elle, au Sénégal afin de consulter un marabout qui pourrai m'aider à sortir de prison. Je lui avais mis en rapport avec SALIF qui gérai tous mes biens. Quand elle a reçu l'argent, je ne l'ai plus revu. Elle aussi avait disparu dans l'espace terrestre. Il n'y avait que SALIF qui venait me rendre visite en prison et quand je lui demandais les nouvelles de maman il me disait qu'il n'avait pas réussi à la localiser. Cette situation me rongeait à l'intérieur, ma propre mère m'a abandonné durant les moments les plus difficiles de ma vie.
A ma sortie de la prison, SALIF m'a donné une lettre de la part de maman qui disait ceci : « Mon cher CHEIKH TIDIANE, j'espère que tu sortiras vite de la prison et que tu affronteras sans difficulté les obstacles qui se présenteront devant toi. J'ai aimé votre père comme je n'ai jamais aimé personne dans ma vie. C'est la raison pour laquelle j'ai élevé AÏCHA MONICA du mieux que je pouvais juste pour faire plaisir à votre père parce que MONICA n'est rien d'autre que la preuve vivante de la tromperie de votre père. Je ne suis pas la mère de MONICA. Sa mère qui était la maitresse de votre père est morte en donnant naissance à MONICA. Elle s'appelait SEYNABOU MBAYE. Votre père était très amoureux de cette dernière mais sa famille n'acceptait pas leur union parce que SEYNABOU MBAYE était une GUEWEUL. Par la suite j'ai rencontré votre père on s'est marié et je l'aimais comme une folle mais cet amour que j'éprouvais envers lui n'était pas partagé. Le cœur d'ASSANE appartenait déjà à SEYNABOU. Ils continuaient à se voir même après notre mariage jusqu'à ce que SEYNABOU tombe enceinte de lui. Cela me rongeait le cœur parce que ne pouvait pas donner d'enfant à ASSANE qui était très heureux quand il a appris la nouvelle de la grossesse. Il ne se gênait même pas de montrer son euphorie devant moi. Il a acheté un appartement à SEYNABOU qui a été virée de chez elle par son père. A croire que la mère et la fille partagent le même destin. ASSANE ne me calculait plus et passait la moitié de son temps avec SEYNABOU. Parfois même il se permettait de passer la nuit avec elle. Il disait qu'il allait l'épousait après l'accouchement. CHEIKH TIDIANE mon cœur de femme amoureuse ne pouvait pas supporter cela. Une amie à moi m'avait amené chez un charlatan qui avait pour mission tuer SEYNABOU MBAYE et le fœtus qui vivait en elle. C'était la volonté divine ou le pouvoir du charlatan en tout cas SEYNABOU MBAYE a perdu la vie mais on ne pouvait pas en dire autant pour sa fille qui était restée à la crèche pendant trois mois. MONICA voulait vivre et elle a vécu.
Après la mort de SEYNABOU, votre père avait complètement changé. Il était tellement aigri qu'il se permettait de me frapper à chaque fois qu'il en avait envie. Encore une fois je suis allée voir le même charlatan pour qu'il sauve mon couple et grâce à ce charlatan ASSANE m'obéissait comme un chien et son propriétaire. N'empêche ASSANE voyait en MONICA la femme qu'elle a perdu. Il la couvrait avec tellement d'amour, d'attention et d'affection et j'en étais jalouse. OUI j'étais jalouse de la petite MONICA. Et juste pour faire plaisir à votre père moi aussi je couvrais MONICA d'affection au plus grand bonheur de votre père même si c'était artificiel. La famille de votre père a demandé à ce que cette histoire soit enterrée, qu'on en parle plus ce que j'avais moi-même accepté. Trois ans après mon mariage tout le monde me demandait à quand l'enfant, à quand l'enfant, à quand l'enfant et la pression commençait à monter. Même ASSANE qui ignorait mon infertilité s'y était mis. C'est là que j'ai inventé une fausse grossesse. ASSANE était tellement heureux quand je lui ai fait part de ma grossesse que je n'osais pas rebrousser chemin. Pour mieux camoufler mon jeu, j'ai dit à ASSANE que je voulais passer le reste de ma grossesse chez mon frère KADER qui vivait en France. MONICA avait deux ans à l'époque et on l'avait confié à ma belle-mère. Quand ASSANE m'appelait je m'étais un coussin sous mes vêtements pour ne rien laisser paraître. KADER me soutenait dans mes délires et il m'avait aidé à adopter un enfant qui n'est personne d'autre que toi CHEIKH TIDIANE. Tu étais un bébé quand je t'ai adopté. ASSANE voulait venir en France mais l'entreprise dans laquelle il travaillait était en faillit, il ne pouvait pas se permettre d'aller en voyage à mon plus grand bonheur parce que je n'étais pas prête à le regarder les yeux dans les yeux. Il m'avait demandé de rentrer mais j'avais refusé prétextant un repos obligatoire exigé par le médecin ; ce qui était d'ailleurs faux. Je suis restée une année avec toi en France avant de rentrer au bercail. CHEIKH TIDIANE j'ai sacrifié toute mon existence pour une famille qui n'est et ne sera jamais la mienne. LES seuls endroits où je me sens en vie c'est dans les cérémonies. Il est temps que je pense à moi désormais, il faut que je profite du reste de ma vie, il faut que je m'éloigne de vous. Je suis vraiment désolée de t'avoir abandonné durant les moments les plus sombres de ton existence mais il faut que je parte. A ta sortie je te conseille d'aller rejoindre ta supposé sœur au bercail. Avec votre père je vous demande de rester unis parce que votre père vous aime malgré tout. Demande aussi à MONICA de me pardonner sur ce qui s'était passé avec KADER quand elle continuait ses études ici en France auprès de lui. Vous pouvez ne pas en croire mais je vous ai tous aimé avec le temps. J'espère juste que vous allez un jour me pardonner tout le mal que je vous ai infligé ».