Chapitre 4

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La journée fut maussade, accompagnée d'une pluie qui s'était abattue sur la ville. Le ciel couvert de nuages noirs assombrissait le début d'après-midi, à tel point qu'on crut qu'il était huit heures du soir, alors qu'en réalité, c'était à peine si la prière de dohr était passée.

Allāhumma aj'alhu sayyiban nāfi'ā (Ô Allah ! Rends cette pluie bénéfique), chuchota Alya.

Alya était assise près de la fenêtre, dans sa chambre, à contempler les gouttes volatiles entrer en contact avec la vitre. De jolis sons en sortaient. Elle ouvrit légèrement la fenêtre afin de dérober cette nouvelle senteur, une odeur de terre mouillée. Elle posa la tête contre le dossier de son fauteuil et fixa un point dans le paysage s'offrant à elle, puis elle capitula rapidement face à un torrent de pensées qui la submergea. Et elle resta ainsi pendant un instant, proie à des flash-backs et à tout un tas d'autres choses.

La maison était calme, chacun dans son coin. Enfin, jusqu'au moment où le téléphone sonna. C'était Wissem qui appelait sur le fixe. Yamina répondit et se réfugia dans la cuisine afin de ne pas trop faire de bruits.

– Wa alayki salam benti, labas 'likom (vous allez bien) ? Ki rah dayar rajlak mzyan (comment va ton mari, bien ) ? ... Ah (oui)... Non... Oui... Oui ah Wissem... Ah matmaradnich rasi fik bzaf dial hadra (ne me rends pas malade ma tête, tu parles beaucoup). Attends nchrahlak (je t'explique), il est venu ils ont parlé et c'est bon, il est reparti... Non... Tu veux parler à ta sœur ? Je sais pas si c'est le bon moment, mais attends benti je vais aller la voir.

Yamina se rendit dans le couloir avant de frapper à la porte d'Alya. D'ordinaire, elle ne frappait jamais avant d'entrer, mais vu les circonstances, Yamina préférait annoncer son arrivée. Elle ouvrit la porte.

– Wissem bghat tahdar m'ak (Wissem veut parler avec toi). Haki hadri chwiya m'aha (tiens parles un peu avec elle).

Alya voulait être seule, mais elle ne refusa pas le téléphone qu'on lui tendait. Yamina quitta la chambre.

– Allo, répondit Alya d'une petite voix.

– Oui, Alya, c'est moi Wissem.

– Oui je sais.

– Tu vas bien ?

– Bah oui, al-hamdulillah, et toi ? Enfin, et vous ?

Kolchi bikhayr (tout le monde va bien), al-hamdulillah.

– C'est bien, bah passe le salam à Jibril.

– T'inquiète. Dis-moi, alors comment ça s'est passé ? māmā (maman) elle m'a expliqué vite fait, mais tu sais elle aime pas aller dans les détails.

– Bah ça s'est terminé comme ça devait se terminer. Il y a pas de surprises.

– Donc, ça n'a pas marché ?

– Bah tu t'attendais à quoi ? Tu sais que je veux pas.

– Oui, mais bon je pensais que tu allais peut-être changer d'avis en rencontrant cet homme.

– Non, ce n'est pas une simple rencontre d'une heure qui va me faire changer d'avis sur quelque chose que j'ai toujours refusé.

Wissem soupira au bout du fil.

– Vraiment, j'aurais aimé que tu vives toi aussi ta vie.

– Le mariage c'est pas l'unique source de bonheur.

– Je peux t'assurer Alya que le mariage, quand c'est avec la bonne personne, c'est la meilleure des choses dans la dunya. Tu as quelqu'un qui te soutient, il est tout pour toi et toi pour lui. Tu es une source de réconfort pour lui et c'est beau à voir à quel point une femme peut faire du bien à son homme rien que par sa présence dans la maison. Jibril me dit que j'ai ramené un nour (lumière) chez lui. SubhānAllah. J'aime ce que je ressens et pourtant ça ne fait pas très longtemps que je suis partie, et même si je suis pas trop trop habituée, je suis vraiment heureuse à ses côtés. J'aurais pas pu rêvé mieux, Alya.

From Dunya to JannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant