La semaine qui suivit, le père d'Alya tomba malade. Ne pouvant plus alors assurer son travail à la mosquée, on avait demandé à Jibril de le remplacer dans le lieu de culte en son absence. Le jeune homme accepta volontiers en prenant immédiatement une semaine de congés afin d'être sûr qu'il puisse être disponible si jamais la maladie passagère de son beau-père persistait plus longtemps. Ainsi, il se devait de guider la ummah (communauté musulmane) de leur ville durant les prières, et faire les cours de récitation, etc.
À la maison, Alya s'occupait de son père, à genoux près de son chevet, puisque sa mère ne comptait pas le faire. Elle le contemplait, lorsque celui-ci avait les yeux à demi-clos cherchant à s'endormir, et elle se demandait ce que c'était de n'être que fiévreux, n'avoir qu'une angine, ou un simple rhume inoffensif, car elle ne se souvenait plus, non, elle avait oublié ce sentiment qu'avec deux ou trois jours de repos, on venait à bout de la maladie. Elle avait oublié l'idée qu'au bout du tunnel, il y avait une sortie. Sa sortie à elle lui paraissait encombrée.
Elle chassa toutes ses pensées, et remercia Allāh, quoi qu'il arrive et quoi qu'il puisse arriver dans le futur.
Lorsque son père s'endormit pour de bon, la jeune femme sortit pour rejoindre sa mère dans le salon. Cette dernière regardait les chaines arabes.
– Na'as (il dort) ?
– Na'am (Oui), mais pourquoi tu veux pas aller le voir ?
– Gotlak chi tlata dmarat 'lach (je te l'ai déjà dit trois fois pourquoi), gotlo kayn lbard ou ghadi yfrah raso (je lui ai dit qu'il faisait froid et qu'il allait tomber malade), mais il a préféré sortir sans son manteau. Shablo rah baqi skhir ou qwiy (il a cru qu'il était encore jeune et fort). Safi, khalito m'a raso qasah, ou hlift bli mandir tachihaja ila mrad (C'est bon, je l'ai laissé faire, têtu comme il est, et j'ai juré de ne rien faire s'il tombait malade). Hbar 'lih (bien fait pour lui).
Alya se retenait de rire, c'est un réel sketch, pensait-elle. Les voir ainsi, c'était comme voir un jeune couple encore immature se chamailler pour rien du tout.
– Le pauvre, il a besoin de toi, là.
– Machi chaghli fih ge' (c'est pas du tout mon problème).
– T'es dure un peu avec lui.
– Ma s'iba ma walo, isma' lhadra dial besah, wakha ndir ay haja 'la qablo, ma isma'ch, safi yidir libgha m'a raso, sahto hadi (ni dure ni rien, il écoute ce que je dis de vrai, ok je fais tout pour lui, il écoute pas, il fait comme il veut avec lui-même, c'est sa santé).
– Bah si c'est comme ça, heureusement que je suis là pour l'aider, commenta Alya.
– Iwa (bah) qu'il profite, hit min ghadi tmchi ou yidir ki dari sghir ou ymrad, yibra gher m'a Allāh ou m'a raso (parce que quand tu vas partir et qu'il se comportera comme un petit garçon et qu'il tombera malade, il guérira qu'aux côtés d'Allāh et de lui-même).
– Hram 'lik (expression pour dire que ça ne se fait pas), dit-elle en s'efforçant de ne pas tenir compte de la remarque sur son départ proche.
– Haka ntmena ma y'awoudch ou ysma' lhadra(comme ça j'espère qu'il recommencera pas et qu'il écoutera).
– Ok, ok.
Alya mit fin à ce sujet, puisqu'après tout, elle savait pertinemment que sa mère ne disait pas la vérité, voulant seulement paraître dure et en colère. Alya savait que sa mère était peinée de voir ainsi son époux cloué au lit, mais elle avait juré de ne rien faire et par la même occasion, elle espérait qu'il ait eu la leçon et qu'il se montrerait plus vigilant la prochaine fois.
VOUS LISEZ
From Dunya to Jannah
RomanceAlya, âgée de tout juste vingt ans, est une jeune femme douce et aimable. Elle a grandi au sein d'une famille musulmane et pratiquante ; son père est à la fois imam et directeur de la mosquée dans la ville où ils vivent, et elle, elle y travaille à...