Chapitre 10

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Partie 2
« Je n'arrive pas à le croire... »



Alya répétait ces mêmes paroles en boucle, toutes les dix minutes environ, en faisant les quatre cents pas dans sa chambre.

– Je crois qu'on a compris que t'y crois pas, plaisanta Wissem à moitié allongée sur le lit qui la suivait du regard.

Alya ne l'écoutait pas et continuait à arpenter sa chambre de long en large.

– Tu devrais te préparer, hein, ils vont pas tarder, ta nouvelle famille, conseilla Wissem un sourire taquin se dessinant sur son visage.

– Il est quelle heure ?

– Deux heures et demi.

– Ça va, il reste trente minutes.

– Et tu vas les passer à marcher en rond ici ? En plus t'es même pas habillée.

Alya haussa les épaules, comme si elle ne mesurait pas l'importance de ce qui l'attendait dans l'heure à venir.

Elle était si déconnectée de la réalité. Elle ne pouvait tout simplement pas y croire. Pour, vous, pour nous, femmes ordinaires, cela pourrait sembler absurde, mais pour une femme dans la situation d'Alya, c'était tout sauf absurde.

Quand on est malade, atteinte dans son cas d'un cancer, on ne pense plus au futur comme on le faisait avant, on ne voit plus les choses de la même manière que quand tout allait pour le mieux. On ne s'inquiète plus de l'avenir, d'un mari qu'on ne connaîtra jamais, des enfants, de la vie dans un foyer, de l'éducation, et vous connaissez la suite de la chanson. La vie n'est plus pareille. Non. On ne vit plus à proprement parlé. Nous ne sommes que l'ombre d'un ancien nous qui fut avant naïf, rêveur et en bonne santé. Notre esprit est déjà mort, pendant que notre corps vit toujours.

Ainsi, Alya avait perdu espoir de voir un homme venir demander sa main, de voir deux famille se réunir sous un même toit afin de discuter de l'avenir d'un nouveau couple, et que ce soit elle, l'une des principales actrices. Mettons-nous dans la peau d'Alya, jeune femme d'une vingtaine d'années, malade, et qui, après avoir perdu espoir, sera unie à un homme qui avait promis de s'occuper d'elle en étant conscient du peu de temps qu'ils risquaient de passer ensemble. Cette union allait sacrifié des mois ou quelques petites années pour le jeune homme, et Alya en fut d'autant plus touchée. Ou bien, par la grâce d'Allah, ils pouvaient vivrent ensemble plus longtemps. Car Allah est le plus Savant.

Au bout de deux ou trois aller-retours, Alya s'assit sur le lit aux côtés de sa sœur.

– J'arrive pas à le croire.

– Tu stresses pour rien.

Alya voulait lui dire de se mettre une seule fois à sa place, et d'imaginer un instant tous les sentiments et les peurs qui l'envahissaient, mais elle préféra se taire et admettre qu'elle en faisait trop.

– Oui, tu as raison. Mais quand même ! Reprit aussitôt Alya. Genre... Je sais pas quoi dire, c'est fou n'empêche ce qui arrive.

– Ça a toujours l'air fou au début, crois-moi. Après ça va, on s'y fait doucement.

– Si tu le dis..., murmura Alya.

From Dunya to JannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant